Originaire de la même région que le président de la République Paul Biya dont il dénonce la politique, l’écrivain et homme politique Enoh Meyomesse séjourne en prison, accusé de tentative de coups d’Etat et de vol aggravé. Les appels pour sa libération se multiplient.
L’écrivain et homme politique Enoh Meyomesse, incarcéré depuis bientôt deux mois à la prison de Kondengui à Yaoundé, vient encore de recevoir un soutien de taille. « Nous nous joignons à notre compatriote Patrick Nganang pour inscrire le Manidem dans le Comité de Soutien à l’écrivain Enoh Meyomesse, qui comme tout le monde le sait, a soutenu notre candidature, à la dernière élection présidentielle », déclare Abanda Kpama, président du mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), un parti politique de l’aile dure de l’opposition camerounaise.
Cet appel rejoint celui de nombreux camerounais, des africains de la diaspora, des avocats et de nombreux écrivains dont les français J.M.G. Le Clezio, écrivain et prix Nobel de littérature ou encore le critique américain Ken Harrow qui auparavant avaient lancé en compagnie de Patrice Nganang, écrivain camerounais, le collectif de soutien dénommé « Libérez Enoh Meyomesse »
Ce collectif faisait alors remarquer dans son propos liminaire que l’écrivain par ailleurs président de l’Association nationale des Ecrivains camerounais avait été interpellé à l’aéroport une première fois alors qu’il se rendait en Côte d’ivoire et son passeport saisi. »Il lui fut alors interdit de sortir du territoire pendant plusieurs jours. Ce 29 novembre, c’est de retour de Singapour qu’il fut arrêté au même aéroport. Emmené d’abord au Secrétariat d’Etat à la défense, dans les services secrets de sécurité, puis à la gendarmerie de Bertoua, il est emprisonné depuis à la prison de Kondengui… » précise le collectif.
Auteur de plusieurs ouvrages dont le plus récent est « Darkness over Cameroon » et de nombreux poèmes, Enoh Meyomesse décrit le film de son arrestation dans une correspondance parvenue à la presse et intitulé « M le Colonel, on ne me corrompt pas ».
Tentative de coup d’état, vol avec port d’arme
Alors qu’il descend d’un vol en provenance de Singapour, Enoh Meyomesse est interpellé le 22 novembre 2011 à l’aéroport par des gendarmes qui confisquent son téléphone et l’embarquent. Il lui est signifié les chefs d’accusation de tentative de coups d’Etat et de vol avec port d’arme. Il passe des heures d’interrogatoire et est transféré le lendemain à Bertoua et jeté dans une cellule obscure et sans fenêtre pendant 30 jours.
Un journaliste qui demande à le rencontrer va provoquer le courroux de ses geôliers qui accélèrent la procédure. « Le Mercredi 21 décembre. Je suis sorti de ma tombe. Je retrouve dehors mes « complices ». Fait curieux, tous les gendarmes ont revêtu des uniformes tout neufs et tout propres. Nous sommes rapidement informés d’un fait inattendu: le gouverneur de l’Est a décidé de nous rendre visite. Personnellement, je trouve cela curieux. Aux alentours de 14 heures, nous sommes conduits dans la cour de la gendarmerie. Stupeur! Nous y trouvons une immense foule et une table sur laquelle sont posés, un uniforme militaire, un fusil, un pistolet, des cartouches, en un mot l’arsenal de guerre gigantesque avec lequel je devais renverser le régime. Mes « complices» et moi le découvrons pour la première fois », raconte l’écrivain.
Il sera ensuite extrait le lendemain 22 décembre en compagnie de ses prétendus complices pour Yaoundé où il est présenté au tribunal militaire et ensuite incarcéré à la prison centrale de la ville.
Enoh Meyomesse est par ailleurs un homme politique. Président du Parti de la Renaissance nationale (PARENA), il a été candidat à la dernière élection présidentielle du 9 octobre 2011. Sa candidature recalée, il avait alors choisi de soutenir le Manidem. Il passera plusieurs fois à la télévision nationale pour le compte de ce parti appelant les camerounais à sanctionner le président Paul Biya.
L’écrivain est par ailleurs originaire de la même région que le président de la République. Un singleton dans cette partie du pays où presque tout le monde est acquis à la politique du « frère du village » au pouvoir.
Le collectif de soutien « Libérez Enoh Meyomesse » a d’ores et déjà constitués des avocats pour assurer sa défense.
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