« Paul Biya, un grand homme d’État au destin prodigieux. » c’est le titre du film hagiographique sur le président Paul Biya, qui fait actuellement le tour des dix régions du Cameroun. Ce documentaire retrace l’histoire, racontée comme jamais auparavant, de celui qui est arrivé à la tête du Cameroun en 1982, il y a 42 ans aujourd’hui.
Thème du film : guidé par la volonté de laisser sa marque dans l’histoire de son pays, Paul Biya a su braver et surpasser les obstacles pour être cet homme d’Etat dont les qualités, la sagesse et l’intelligence sont célébrées au-delà des frontières du pays.
Les réalisatrices Cathy MEBA et Solange EDIMO présentent donc ce film comme l’histoire du parcours du Président, magnifiant les qualités exceptionnelles de cet homme providentiel qui a su construire le Cameroun malgré les vents contraires. La projection de ce film documentaire est un bel exercice de mémoire pour le Président du Cameroun qui arrive bientôt en fin de mandat : on peut tout au long du film saisir les grandes réformes politiques économiques et sociales inspirées de la rigueur et de la vision de l’homme du 6 Novembre 1982.
Exercice de mémoire ou campagne électorale voilée ?
Certes, ce film documentaire sur le Président Paul Biya retrace un parcours assez élogieux pour la plupart des actions qu’il a menées jusqu’ici et qui ont été présentées au public venu nombreux à Bamenda, Ngaounedere, Yaoundé etc. Il serait intéressant pour les acteurs de la scène politique camerounaise de se demander ce que cache cette tournée promotionnelle à travers le pays, quand on sait que les élections présidentielles sont pour l’année 2025 et que le camp présidentiel ne ménage aucun effort pour démontrer sa suprématie par rapport aux autres en période électorale… Mais le moment n’est pas encore venu pour cela. Serait-ce aussi en filigrane un appel à une nouvelle candidature de Paul Biya pour les prochaines échéances électorales, à l’initiative des militants de son parti, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC)?
Si la classe politique camerounaise et internationale prête aussi attention aux événements des dernières semaines, elle remarquera la récente disparition sur fond d’inquiétudes du Président de la République du Cameroun après son voyage officiel en Chine, précédant son retour triomphal il y a quelques jours, bien vivant, retour retransmis sur la chaîne nationale CRTV. Serait-ce là aussi l’esquisse d’un début de campagne électorale à peine voilée du RDPC souhaitant voir Paul Biya se représenter à nouveau et conserver son pouvoir ?
Néanmoins si la projection de ce film documentaire était un moyen de mesurer la tendance au niveau des potentiels électeurs, l’assassinat à Bamenda de Mme Frida JOKO, deuxième adjointe au maire de Bamenda II, quelques jours seulement après que cette dernière eut participé à la projection de ce film documentaire, démontre que les tensions encore existantes dans les parties anglophones du pays ne sont pas prêtes à se calmer… Autant dire que dans cette région, surtout pour les électeurs sécessionnistes, il n’est pas question de retrouver Paul Biya à la tête du Cameroun à l’issue des prochaines Présidentielles…