Le député néerlandais Geert Wilders a déclaré que les musulmans devaient « jeter la moitié du Coran » s’ils souhaitaient rester aux Pays-Bas et qu’il en ferait expulser le prophète Mahomet s’il y vivait aujourd’hui. Ce n’est pas la première fois que le leader d’extrême droite alimente les préjugés anti-musulman dans un pays au modèle d’intégration en crise.
« Si les musulmans veulent rester aux Pays-Bas, ils doivent jeter la moitié du Coran » car il contient « des choses terribles ». « Si Mahomet vivait aujourd’hui aux Pays-Bas, je proposerais de le chasser du pays comme extrémiste », a déclaré le député néerlandais Geert Wilders dans une interview au quotidien De Pers parue le 13 février dernier. Une semaine après, les provocations du président du Parti pour la liberté (Partij voor de vrijheid, PVV) commencent à porter leurs fruits.
L’ambassade d’Arabie saoudite à La Haye a pris contact avec le ministère néerlandais des Affaires étrangères et « signalé aux autorités compétentes la nécessité de retirer les déclarations insultantes de Wilders et de présenter des excuses aux musulmans », indiquait ce dimanche le journal saoudien Al Watan.
En réponse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a expliqué que le « ministre ne se réjouit pas des déclarations de Wilders » et que « cela ne représente pas le point de vue du gouvernement néerlandais ». Mais « Wilders est un député, il a le droit de s’exprimer ». Le principal intéressé a assuré qu’il ne lui « traverserait pas l’esprit de retirer quoi que ce soit » et s’est étonné « qu’un pays qui ne pratique pas la liberté d’expression [lui] donne des leçons ».
« Vous ne sentez plus que vous êtes dans votre pays »
Avec ses cheveux blancs peignés à la manière des perruques des magistrats britanniques, Geert Wilders est connu sur l’échiquier politique néerlandais pour ses positions contre l’immigration et l’Islam. Il était membre d’un parti libéral (People’s Party for Freedom and Democracy, VVD) jusqu’en 2004, date à laquelle il a créé son propre parti. L’un de ses leitmotiv est « stopper le tsunami de l’islamisation aux Pays-Bas ». Il a récupéré la place laissée vacante par le populiste Pim Fortuyn, qui qualifiait l’Islam de sous-culture. Assassiné avant les élections législatives de 2002 par un activiste de la cause animale, il assurait qu’il fermerait les frontières aux musulmans s’il le pouvait.
Le modèle néerlandais d’accueil et d’intégration des immigrés connaît une grave crise, depuis plusieurs années, que l’assassinat du réalisateur Theo Van Gogh par un extrémiste musulman néerlandais n’a fait que révéler. Loin de chercher à désamorcer la crise communautaire, Geert Wilders en rajoute. L’Islam est « une religion violente », a-t-il répété dans l’interview accordée à De Pers, et « je veux avertir les gens qu’[elle] est le plus grave danger qui nous menace. »
Il cite Efraim Halevy, l’ancien chef du Mossad, les services secrets israéliens, qui a affirmé que « la troisième guerre mondiale a commencé. Je n’utiliserai pas ces mots, mais c’est vrai », assure-t-il. « Faites une balade dans la rue et voyez où nous allons. Vous ne sentez plus que vous vivez dans votre propre pays. Il y a une bataille qui se déroule et nous devons nous défendre. Avant que vous ne le sachiez, il y aura plus de mosquées que d’églises » aux Pays-Bas. La semaine dernière, il avait protesté contre la nomination au gouvernement de deux Néerlandais d’origine marocaine – Ahmed Aboutaleb – et turque – Nebahat Albayrak.
L’homme est coutumier des menaces de mort et des protections rapprochées dans son pays. Mais il vient de renoncer à un voyage de parlementaires néerlandais au Pakistan et en Afghanistan. Maulana Hafiz Hussain Ahmed, un député pakistanais, numéro 2 du parti Jamaat-Ulema-e-Islam, a prévenu que « cet homme n’est pas le bienvenu (…) Il est plus radical dans ses idées que les prétendus terroristes. »
Lire aussi :
• Pays-Bas : Poussée de xénophobie suite à l’assassinat du réalisateur Theo Van Gogh