Le Maroc clame haut et fort son innocence dans l’affaire de Pegasus et Rabat a même porté plainte pour diffamation. Mais, un ancien ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, par ailleurs ancien conseiller extérieur de la société israélienne NSO, le fabricant de Pegasus, a émis des doutes sur le royaume chérifien, un des pays accusés d’avoir ciblé 10 000 numéros de téléphones, notamment celui du Président français, Emmanuel Macron.
Retraité, l’ancien ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, fut, de septembre 2019 à septembre 2020, recruté comme conseiller extérieur par l’entreprise NSO, le fabricant de Pegasus. Ce dernier, qui a une certaine connaissance du logiciel israélien d’espionnage, a émis des doutes sur le royaume chérifien, un des pays accusés d’avoir ciblé 10 000 numéros de téléphones, notamment celui du chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, à l’aide du logiciel espion.
« Je trouve curieux de s’en prendre à l’entreprise et non à ses clients, q,ui auraient, pour certains, dévoyé l’usage des logiciels achetés », a déclaré Gérard Araud dans une interview accordée à Paris Match. « NSO vend à des États ou à des agences gouvernementales, les négociations se déroulent à un niveau étatique. NSO examine scrupuleusement les besoins de ses potentiels clients : ces acheteurs font-ils face à une criminalité endémique ? Doivent-ils lutter contre des mouvements terroristes ? De son côté, le client prend des engagements formels », a-t-il expliqué.
Celui qui a mis « en place des processus de prise de décision, d’aider à établir des listes de pays selon leur fonctionnement démocratique, leurs positions géostratégiques […] et les conditions qu’il fallait imposer aux acheteurs » précisera que « ce sont les mêmes procédures que pour les ventes d’armes. D’ailleurs, en Israël , NSO dépend de la commission sur les ventes d’armes, car le logiciel Pegasus peut être assimilé à une arme ».
Gérard Araud déclare être « perplexe » quant aux 50 000 numéros de téléphones de la liste de Forbidden Stories qui auraient été ciblés à l’aide du logiciel Pegasus pour le compte d’une dizaine d’États. Quid des accusations d’espionnage contre le Maroc ? « Il faut se méfier des apparences, on plonge ici dans le noir total, tout le monde peut mentir, personne ne pourra jamais débusquer la vérité », a répondu l’ancien conseiller de NSO.