Le commerce équitable peut permettre à l’Afrique de mieux s’intégrer dans l’économie mondiale. Selon l’ONG Oxfam, il améliore les conditions de vie de 800 000 familles, soit l’équivalent de 5 millions de personnes dans le monde. Lancé depuis cinquante ans dans les pays du nord, le mouvement solidaire est aussi un véritable concept économique.
Par Fatoumata Traoré
Instaurer des relations économiques plus justes entre les pays en voie de développement et les pays riches. Tel est l’objectif du commerce équitable. Son principe est de certifier le produit sous un label, qui tient compte de critères précis. Les entreprises solidaires garantissent de meilleurs prix aux producteurs du Sud qui doivent refuser le travail des enfants. Ils sont également tenus de respecter l’environnement. Dans cette optique, ils sont fortement incités à adopter une agriculture organique ou biologique.
Le label est décerné par l’association FLO International (Fair trade labelling organization) selon des standards précis. Situé en Allemagne, l’organisme délivre des certificats, se charge de vérifier que les produits labellisés correspondent bien aux standards fixés et qu’ils participent au développement des producteurs défavorisés. Une quarantaine d’auditeurs doivent contrôler que les producteurs du Sud respectent les standards du commerce équitable.
Juste rémunération
Les commerçants, qui le souhaitent, se font enregistrer par l’association et peuvent ensuite mettre les produits sur le marché avec le label. Dans le cadre du commerce équitable, les producteurs du Sud obtiennent une juste rémunération qui leur permet de vivre dignement et de subvenir aux besoins de leur famille. Pour un paquet de café de 250 grammes vendu entre 1,8 et 3 euros dans le système traditionnel, le producteur obtient 0,15 euros. Avec des entreprises comme Max Havelaar, il peut obtenir 0,62 euros.
Grâce à l’implication de ses défenseurs à travers le monde, le mouvement rencontre un écho de plus en plus important. Des organisations non gouvernementales comme Oxfam, que l’on retrouve en Grande-Bretagne, en Belgique et aux Etats-Unis, mènent des actions de lobbying auprès des décideurs politiques pour qu’ils prennent en compte le concept de commerce équitable. Il remporte un succès notable dans des pays comme la Suisse et en Angleterre, mais s’implante difficilement dans d’autres comme la France. « Les Suisse consomment trente fois plus de produits Max Havelaar que les Français », déclare Emmanuelle Cheilan, responsable communication chez l’enseigne.
Notoriété grandissante
Pour autant, la consommation de produits équitables double chaque année en France depuis 1998. Une étude du Credoc réalisée en 2003 révèle que 45% des personnes interrogées ont déjà entendu parler du commerce équitable en France. Ce chiffre était de 24% en 2002 contre seulement 9% seulement en 2000. La plate-forme tricolore pour le commerce équitable regroupe des associations telles que Max Havelaar et Artisans du Monde. Elle promeut l’initiative auprès du grand public. Comme en témoigne l’organisation d’une campagne de sensibilisation appelée Quinzaine du commerce équitable du 1er au 16 mai 2004.
Pour Nathalie, consommatrice de produits équitables, « il est important d’acheter équitable. Je trouve que c’est un geste de solidarité à l’égard des pays pauvres. Je consomme ce type de produits régulièrement. J’en achète dès que je peux ». Selon Emmanuelle Cheilan, « le défi majeur du commerce équitable est de le rendre démocratique. Pour cela, il est important d’informer les consommateurs ». Un autre défi crucial : la nécessité de conscientiser les consommateurs du Nord afin de les inciter à acheter.
Une initiative florissante
Même s’il vise à aider les producteurs du Sud, le commerce équitable ne relève cependant pas de l’action humanitaire ou de la simple philanthropie. Il s’agit d’un véritable concept commercial. En témoigne le succès de l’association Artisans du Monde, qui regroupe quelque 2 500 magasins. Ils proposent une grande variété de produits allant de l’alimentaire (thé, café, miel, chocolat, sucre, bière) à l’artisanat (bijoux, sculptures, instruments de musique, vaisselle, linge de maison). L’organisme a vu son chiffre d’affaires global multiplier par 7 depuis 1990. En 2003, il s’est élevé à 7,7 millions d’euros. Une réussite qui pourrait susciter des vocations.
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