Peter de Villiers, 50 ans, a été nommé mercredi coach de l’équipe sud-africaine de rugby. Il a été choisi face à trois autres candidats pour son expérience mais aussi pour sa couleur de peau. Peter de Villiers devrait rester fidèle à la politique de sélection au mérite de son prédécesseur, Jake White, qui avait conduit les Springboks à la victoire lors du Mondial 2007.
« Peter de Villiers est entré dans l’histoire en devenant le premier Noir à entraîner les Springboks, a annoncé mercredi Regan Hoskins, président de la Fédération sud-africaine de rugby (Saru). (…) Nous espérons avec confiance que la famille du rugby le soutiendra, lui et l’équipe nationale, au moment d’entrer dans une nouvelle ère de la fière histoire de notre rugby. » Peter de Villiers remplace Jake White, l’artisan de la victoire des Springboks au Mondial 2007 dont le contrat a expiré le 31 décembre.
Parcours jalonné de succès
Le cinquantenaire à l’imposante moustache postulait contre trois autres candidats. Chester Williams, ailier de couleur champion du monde 1995, Allister Coetzee, entraîneur des lignes arrière de l’équipe nationale, et Heyneke Meyer, coach des Blue Bulls. Ce dernier faisait figure de grand favori chez les rugbymen. Lors d’un vote organisé par l’Association sud-africaine des joueurs de rugby, les 258 membres l’ont choisi avec 77%. Finalement, c’est Peter de Villiers qui entraînera pour deux ans l’équipe nationale. « Etre Springbok, a déclaré l’élu, est un rêve et, quand il s’avère impossible, on rêve de devenir entraîneur des Springboks. C’est devenu une réalité pour moi. »
Regan Hoskins a justifié ce choix en expliquant que Peter de Villers « est un vrai leader, un entraîneur aux résultats probants ». Il travaille en effet depuis 15 ans dans le milieu, où il a occupé des postes à responsabilité. Il a entraîné les moins de 19 ans (1998-1999), les moins de 21 ans (2004-2006) et les Espoirs. Le cadre technique compte d’ailleurs à son actif la victoire des Espoirs lors de la Coupe des nations de 2007 et celle des moins de 21 ans lors des championnats du monde de 2005.
Choisi pour son teint
Ces compétences ne sont pas les seules à avoir pesé dans la balance. « Je veux être franc avec l’Afrique du Sud et dire que les raisons de la nomination n’ont pas été que rugbystiques, a concédé Regan Hoskins. Nous avons procédé à cette nomination en tant qu’organisation et pris en compte le problème de la « transformation » très, très sérieusement. » Une façon de dire que Peter de Villiers doit en partie son affectation à sa couleur de peau.
La « transformation » est en effet un processus qui vise à gommer les inégalités sociales et économiques entre les Noirs et les Blancs causées par le régime raciste de l’Apartheid, aboli en 1994. Dans le domaine du rugby, ce processus se traduit par des efforts pour démocratiser la pratique du ballon ovale chez les Noirs, d’ordinaire plus présents sur les terrains de football. L’objectif est de faire que les rugbymen soient plus représentatifs de la population sud-africaine, qui compte 90% de personnes de couleur.
Pour accélérer la « transformation », certains responsables prônent l’instauration de quotas de joueurs noirs, notamment au sein des Springboks. Cette option, plusieurs fois avancée, n’a finalement jamais été appliquée. Ce n’est pas Peter de Villiers qui devrait s’en plaindre. Comme son prédécesseur Jake White, il semble qu’il soit opposé à un tel système : « Les joueurs doivent comprendre qu’ils auront tous la même chance. S’ils sont suffisamment bons, suffisamment talentueux et s’ils travaillent assez, ils auront leur place dans la sélection ».