Le contingent marocain de la Force de Maintien de la Paix des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) est accusé d’abus sexuels répétés sur des mineures ivoiriennes, et tout entier consigné à Bouaké. Un scandale dont se serait bien passé l’ONU !
Est-ce l’éloignement du foyer ou le défaut d’activité sexuelle ? Toujours est-il que Hamadou Touré, Porte-Parole de la mission de maintien de la Paix de l’ONU en Côte d’Ivoire, a déclaré samedi 21 juillet 2007 à Abidjan que le contingent marocain de 734 hommes qui constitue aujourd’hui l’essentiel des forces de l’ONU présentes à Bouaké avait été consigné dans ses quartiers, après qu’une enquête diligentée à la demande de l’organisation eut fait apparaître des présomptions graves et concordantes pesant sur la moralité de certains de ses membres…
Des témoignages accablants
En effet, après un appel à témoignages lancé lors d’une campagne contre l’exploitation sexuelle des mineures, l’ONUCI a eu la surprise de voir émerger plusieurs dénonciations portant sur des soldats qui servent sous le casque bleu des forces de maintien de la paix. L’enquête qui a aussitôt été lancée a, semble-t-il, confirmé les suspicions, et permis de cibler les auteurs des faits. D’où cette mesure extrême, le confinement du contingent marocain, préalable à l’engagement possible de poursuites contre les coupables.
Il faut dire que sur son site Internet, l’ONUCI mettait au contraire en avant son action en faveur des « jeunes filles vulnérables » du fait des événements en Côte d’Ivoire (cf documents ci-joints, et en fin d’article). Il semble que certains casques bleus marocains aient souhaité les conduire eux-mêmes à leurs leçons de couture… Et ne pas s’en tenir à ce premier apprentissage!
Quelques précédents en Afrique
Ce n’est pas la première fois que des soldats de la Paix se trouvent ainsi mis en cause dans des affaires de mœurs. Déjà en République démocratique du Congo, des dénonciations avaient conduit les responsables onusiens à engager une réflexion sur la prévention de tels comportement vis-à-vis des populations locales.
Un rapport interne à l’Organisation des Nations-Unies avait même réclamé en 2005 que des mesures de discipline soient adoptées, qui passeraient par le blocage de la solde des militaires jugés coupables de tels faits, et par l’obligation de constituer à leurs frais un pécule pour les victimes de leurs actes… Mais le rapport a été enterré avant même d’être étudié, l’ONU n’étant pas disposé apparemment à faire trop de publicité à ce type de dérives.
Une mesure exceptionnelle de confinement!
La mesure prise aujourd’hui en Côte d’Ivoire est donc en revanche une première, et elle montre que les agissements dont se seraient rendus coupables certains des casques bleus marocains doivent être fermement établis, et concerner un grand nombre de jeunes filles, pour la plupart mineures.
De l’avis d’un diplomate présent à Abidjan, la suspension du contingent tout entier ne serait en effet certainement pas intervenue si l’affaire n’avait concerné que quelques brebis galeuses (ou peut-être faudrait-il plutôt parler ici de boucs sans cervelle?) qu’il se serait agi alors, plus simplement, d’isoler ou de renvoyer au Maroc.
Le site de l’ONUCI est consultable sur Internet.