Rabat et Tripoli signent un accord de libre-échange. Les deux capitales amorcent un spectaculaire rapprochement. Une façon de relancer le processus d’unification du Maghreb.
La Libye et le Maroc ont décidé, mercredi, de créer une zone de libre-échange. Une décision annoncée au terme d’une visite officielle de trois jours de Mohamed VI à Tripoli. Elle intervient deux mois après la réunion d’une » Haute Commission mixte » maroco-libyenne à Casablanca les 2 et 3 novembre derniers, pour étudier les modalités d’une suppression des barrières douanières. » Les deux parties ont (…) insisté sur la nécessité de lever tous les obstacles administratifs et douaniers qui entravent le développement de leurs échanges commerciaux et convenu d’une zone de libre-échange « , ont déclaré les deux pays dans un communiqué commun.
Rêves unitaires et non-sens économique
Une décision bilatérale dont l’objectif vise aussi à accélérer le processus d’intégration de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), en souffrance depuis dix ans pour cause de désaccords maroco-algériens sur la question du Sahara occidental. Un message également envoyé à Alger. En juin dernier, Mouamar Kadhafi, qui n’a en rien abandonné ses songes panarabes et panafricains, avait signé un accord comparable avec le président tunisien Ben Ali.
La visite de » M6 » est une première depuis son intronisation en juillet 1999. Le Premier ministre Abderhamane Youssoufi, avait effectué une première visite officielle à l’automne de la même année. Les pays ont rétabli une relation aérienne commerciale en juillet, après sept ans d’interruption liée à l’embargo décidé par les Nations unies contre la » grande Jamahirya arabe socialiste « . Avec 1,6% de ses recettes à l’exportation, le Maroc n’est que le 11e client du royaume. Et le 26e importateur. Des chiffres jugés aberrants par nombre d’observateurs économiques tant les complémentarités sont nombreuses entre ces deux pays. Le Maroc détient la plus puissante agriculture du Maghreb mais peu de ressources naturelles. Le territoire libyen ne comporte que 1% de terres arables, mais sa production de pétrole n’a été que très faiblement affectée par l’embargo. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Tripoli produisait 1,39 millions de barils par jour en 1998.