Le parti islamiste Ennahda a créé la surprise ce mercredi en annonçant son intention de renoncer aux ministères régaliens et de les accorder aux indépendants. Ce qui lève le dernier verrou qui empêchait la constitution d’un gouvernement d’union.
Ennahda renonce aux ministères régaliens. C’est Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste, qui l’a annoncé. Il a également ajouté que son parti acceptait de confier les ministères régaliens à des indépendants.
« Nous confirmons la neutralisation des quatre ministères de souveraineté, le ministère de l’Intérieur y compris sera sous une personnalité hors des partis politiques », a déclaré le responsable du parti au pouvoir.
Il s’agit des ministères suivants : Intérieur, Affaires étrangères, Justice et Défense. Ils devraient être occupés par les représentants des « cinq ou six » formations politiques de l’opposition qui figureraient dans le futur gouvernement.
« Le mouvement Wafa (des dissidents du CPR, le Congrès pour la République du président Moncef Marzouki), le bloc parlementaire Liberté et Dignité (islamiste) et l’Alliance démocratique (dissidents de l’opposition) sont pressentis pour rejoindre Ennahda, Ettakatol et le CPR à la tête du pays », souligne LeFigaro.fr.
Ali Larayedh : un premier succès ?
Ali Larayedh a été nommé vendredi dernier Premier ministre. L’ancien ministre de l’Intérieur a remplacé Hamadi Jebali à la fonction de chef du gouvernement. Le président Moncef Marzouki l’avait aussitôt chargé de former un nouveau gouvernement, en vue de sortir de la crise politique qui frappe la Tunisie depuis l’assassinat de Chokri Belaïd.
Le nouveau Premier ministre avait deux semaines pour fomenter une équipe ministérielle qui transcende les clivages politiques. L’annonce de Rached Ghannouchi est donc une première victoire pour cet ancien ingénieur de 57 ans. « La composition définitive de ce nouveau gouvernement pourrait être annoncée « à la fin de la semaine » », annonce LeFigaro.fr.
A la suite de l’assassinat de Chokri Belaïd, le 6 février, victime de trois balles tirées sur lui en bas de son domicile, la rue tunisienne s’est enflammée, dénonçant un assassinat politique. Un affrontement entre laïques et pro-Ennahda, le parti au pouvoir, qui avait poussé Hamadi Jebali à abandonner son poste de Premier ministre. Une démission consécutive au refus d’Ennahda de former un gouvernement de technocrates.
Les choses ont changé. Il ne reste donc plus que tous les partis politiques se mettent d’accord sur les personnes qui occuperont ces ministères régaliens cédés par le parti islamiste.