Six jeunes étudiants ont été condamnés à trois ans de prison ferme pour pratiques homosexuelles.
Six étudiants de Kairouan ont été condamnés pour « pratiques homosexuelles » à trois ans de prison ferme et cinq ans d’interdiction de séjour dans cette ville du centre de la Tunisie, a indiqué ce lundi leur avocate, Me Boutheina Karkni. Selon cette dernière, ils ont été dénoncés « par des voisins » et interpellés fin novembre. Les six jeunes hommes ont reconnu avoir eu des « pratiques homosexuelles » et ont été condamnés jeudi à trois ans de prison, soit la peine maximale prévue par l’article 230 du code pénal, a souligné leur avocate.
Toujours selon cette dernière, la mesure d’interdiction de séjour, également prévue par le code pénal (article 5), sera applicable à leur sortie de prison. Déplorant « des condamnations extrêmement sévères », Me Karkni a annoncé avoir fait appel et le nouveau procès devrait avoir lieu devant la cour d’appel de Sousse « d’ici 2-3 semaines ». Hormis les aveux des prévenus, des vidéos ont également été retrouvées sur l’ordinateur d’un prévenu, qui a écopé d’une peine de six mois de prison, selon les médias locaux.
D’après leur avocate, les six étudiants ont aussi subi durant leur détention préventive un examen anal, pratique vivement critiquée par les ONG qui la juge « cruelle », « inhumaine » et « dégradante ». C’est le cas de l’association Shams, qui milite pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie, a fustigé dans un communiqué le jugement de Kairouan.
L’ONG s’était également indigné fin septembre contre la condamnation à un an de prison ferme d’un étudiant de 22 ans pour homosexualité. L’ONG de défense des minorités sexuelles tunisiennes avait alors dénoncé un «procès du test de la honte ». Il avait en effet été arrêté pour homosexualité avant d’être amené à l’hôpital pour qu’un médecin effectue un test anal. Réaliser un tel test permet aux autorités d’avoir une preuve de pratique de la sodomie. « Ce test est une pratique surréaliste dans la Tunisie d’aujourd’hui », avait alors estimé l’ONG, qui avait publié le 15 septembre dernier le texte d’un blogueur, ancien diplomate, contre la pratique de ces tests et contre l’article 230 du Code pénal, qui incrimine l’homosexualité.