La justice tunisienne a inculpé Rached Ghannouchi pour terrorisme et blanchiment d’argent. Le chef du mouvement Ennahdha était poursuivi avec 32 autres personnalités, dans l’assassinat, en 2013, des leaders politiques Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Le pool d’avocats des défunts leaders de gauche, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, a annoncé que la justice tunisienne avait inculpé Rached Ghannouchi pour terrorisme, entre autres accusations. L’information a été rapportée par l’agence de presse officielle tunisienne TAP, qui a cité l’avocate Imen Gzara, membre de l’équipe de défense des deux hommes assassinés dans des circonstances troubles, dans la capitale tunisienne.
Selon Me Gzara, «33 personnes, parmi lesquelles le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, ont été officiellement inculpées, lundi, dans l’assassinat de Belaïd et Brahmi, pour appartenance à une organisation terroriste», ajoutant que le premier juge antiterroriste les a inculpés de «17 chefs d’accusation». La robe noire a précisé que parmi les accusations les plus importantes, «figurent celles de l’appartenance à une organisation terroriste et du blanchiment d’argent».
Chef du Parti unifié des patriotes démocrates, Chokri Belaïd a été assassiné le 6 février 2013, devant sa résidence, à Tunis. Pour sa part, Mohamed Brahmi, chef du Parti Courant Populaire, a lui aussi été le 5 juillet 2013, dans les mêmes circonstances, puisque les faits se sont déroulés devant sa résidence dans la capitale. Le groupe Ansar al-Charia, branche du groupe terroriste Etat islamique, a par la suite revendiqué ces assassinats. Notons que cette décision de justice intervient après des mois de bras de fer entre le leader d’Ennahdha et le Président tunisien, Kaïs Saïed.
Début avril dernier, en effet, après un passage à la brigade antiterroriste de Tunis, qui l’a interrogé dans le cadre d’une enquête pour complot contre la sûreté de l’Etat, Rached Ghannouchi avait déclaré à la presse : «nous sommes attachés à la Constitution et à la démocratie», déplorant «le fait de viser des élus par une enquête alors qu’ils exerçaient leurs prérogatives, comme une nouvelle épreuve, endurée par la Tunisie». Il a ajouté : «nous avons confiance en la capacité du peuple, qui a déclenché la révolution du jasmin, à la préserver».
«Malgré l’épreuve que traverse la Tunisie, nous sommes optimistes quant à l’avenir de la démocratie dans notre pays», avait poursuivi Ghannouchi, qui venait de passer des heures d’audition dans les locaux de l’Unité nationale d’investigation sur les crimes terroristes. Le président du Parlement dissous avait en outre précisé que le peuple tunisien poursuivait sa «lutte contre la tyrannie». Auparavant, il avait qualifié de «dangereuse, nulle et non avenue» la décision de Kaïs Saïed, de dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple.
Lire : Tunisie : révélations sur l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi