Le « Ben Ali Wall of shame », le mur de la honte de Ben Ali sur Facebook recense les déclarations complaisantes des hommes politiques français, de droite comme de gauche, sur la Tunisie du dictateur déchu. De Nicolas Sarkozy à François Mitterrand, en passant par Bertrand Delanoë, Fadela Amara, et Jacques Chirac, souvenir d’un temps où l’ancien régime tunisien était fréquentable.
La diplomatie est bien versatile. Depuis le départ de Zine El Abidine Ben Ali et la chute de son régime, les déclarations se multiplient pour féliciter le « courage du peuple tunisien ». Après avoir proposé son assistance sécuritaire à la Tunisie de Ben Ali alors en proie aux émeutes qui ont entrainé sa chute, la France a revu sa position, entamant une prudente autocritique. Le conseiller spécial du président français Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a reconnu qu’il y avait « pu avoir des maladresses ou des incompréhensions ». Quant au ministre français de la défense, Alain Juppé, il a déclaré que « dans le passé, la plupart des pays européens, nos alliés américains, portaient sur la Tunisie un regard favorable, parce que c’était un pays stable politiquement, qui se développait économiquement ». Ce qui les avaient « conduit à sous-estimer l’exaspération du peuple tunisien face à un régime policier et à une répression sévère. »
Jouant son rôle de parti d’opposition, le Parti socialiste a vivement critiqué « l’attentisme » du gouvernement de Nicolas Sarkozy. Martine Aubry, sa première secrétaire, a dénoncé mardi, « le silence assourdissant » de la France pendant les émeutes, estimant que Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères, avait commis « une faute grave », en proposant une coopération sécuritaire au régime Ben Ali et qu’elle devrait en « tirer les conséquences. »
Pourtant, il fut un temps où les personnalités politiques de tous bord défendaient le régime de Ben Ali. Pendant les 23 ans de son règne, rares ont été les hommes politiques à dénoncer ses dérives. Sur Facebook, le « Ben Ali Wall of shame » fait état de cette complaisance.
Le gouvernement Jospin soutient la Tunisie
En août 1997, la France expérimente une nouvelle cohabitation. Le président Jacques Chirac fait face à un gouvernement de gauche dirigé par Lionel Jospin. Mais il n’y a pas de divergences sur la Tunisie. Le ministre des Affaires étrangères d’alors, Hubert Védrine, assure au président Ben Ali le soutien de la France « au modèle démocratique tunisien ».
François Mitterrand et les progrès de la démocratie tunisienne
Lors d’une visite en Tunisie en juin 1989, François Mitterrand alors président de la République française fait état des progrès de la démocratie en Tunisie.
Chirac et le modèle tunisien
En vacances en Tunisie en 1998, le président de la République Jacques Chirac déclare : « Le premier des droits de l’homme c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat », ajoutant que « de ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays ».
Nicolas Sarkozy, citoyen d’honneur de la ville de Tunis
En avril 2008, l’actuel président de la République française, Nicolas Sarkozy, est fait citoyen d’honneur de la ville de Tunis, recevant symboliquement la clé de la ville. « Il m’arrive de penser que certains des observateurs sont bien sévères avec la Tunisie, qui développe sur tant de points l’ouverture et la tolérance », déclare-t-il à cette occasion.
Fadela Amara, la Tunisie rempart contre l’islamisme
En Avril 2008, Fadela Amara, alors secrétaire d’Etat chargée de la politique de la Ville, déclare que la France doit soutenir le régime tunisien au nom de la lutte contre l’islamisme. « Dans les pays du Maghreb, il y a la montée des islamistes. Il ne faut pas monter des feux partout », explique-t-elle. « Il faut aider certains régimes qui forment un rempart contre cette montée fascisante. Je crois qu’on gagnerait à être solidaire de ces régimes », assure-t-elle.
Bertrand Delanoë et Ben Ali
Le 24 mars 2010, le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë estime que la Tunisie «est non seulement sur la bonne voie, mais elle réussit mieux que les pays comparables et parfois même mieux que des pays dits développés en terme de croissance. » « Le Président Ben Ali en 1987 a permis qu’il y ait une évolution, une transition sans rupture et sans qu’il n’y ait de heurts entre les Tunisiens eux-mêmes », ajoute-t-il.
Quand Ban ki-moon fêtait la Tunisie
L’ONU aussi est derrière Ben Ali. En 2010, les Nations Unies fêtent l’ouverture officielle de « l’année internationale de la jeunesse », proclamée par les Nations Unies sur une initiative du président Zine El Abidine Ben Ali. Au siège de l’ONU à New York, on festoie. A cette occasion, Ban Ki Moon, son secrétaire général exprime ses considérations pour la politique tunisienne en matière de jeunesse et rend un vibrant hommage au président Ben Ali pour son initiative visant à proclamer l’année « 2010 année internationale de la jeunesse. »