La société tunisienne Travel Academy est la seule d’Afrique du Nord à proposer des circuits de tourisme militaire. Depuis sa création en novembre 2002, seuls trois voyages ont été organisés. Mais les bons échos du dernier, auquel ont participé des élèves de la prestigieuse école militaire française de Saint-Cyr, semblent promettre un bel avenir à cette originale formule touristique.
Les saint-cyriens en voyage éducatif en Tunisie. Les 187 élèves de la promotion du Général de Galbert de Saint-Cyr, prestigieuse école militaire française, ont participé du 5 au 12 juillet derniers à un circuit militaire organisé par l’agence de voyages Travel Academy. Une expérience qui s’est très bien déroulée selon le président de la société tunisienne. Si bien que Saint-Cyr entend renouveler l’expérience et que d’autres pays ont manifesté leur envie de faire participer leurs futurs militaires à de telles excursions.
Travel Academy est née en novembre 2002. Petite équipe, la direction générale et commerciale, basée à Tunis, emploie huit personnes. Une deuxième agence vient d’ouvrir à Sousse (Nord-Est), où quatre personnes travaillent. Dès le départ, elle s’est refusée à concentrer son activité sur le tourisme de masse, mettant uniquement en avant « les plages ou les chameaux du pays. Nous voulions développer un tourisme sélectif et spécialisé », explique Brahim Ouerzazi, fondateur et président de l’agence. Alors, en plus des circuits classiques culturels et découverte, les touristes peuvent opter pour un « circuit agricole » ou « tourisme vert ». En revanche, seuls ceux qui font partie d’un corps d’armée, ou ceux qui sont « amoureux de l’histoire militaire » pourront bénéficier du « circuit militaire », une spécialité unique en Afrique du Nord.
« Diversifier le secteur touristique »
« Lors de la seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement du 19 novembre 1942 au 13 mai 1943, la Tunisie a été le cadre de nombreuses batailles. Il y a donc beaucoup de sites à visiter. L’idée était sous nos yeux et nous l’avons exploitée. C’est une façon de diversifier le secteur du tourisme. Mais ce n’est pas une activité que l’on peut développer facilement. Sur les 1 800 guides que compte le pays, très peu, voire aucun, peuvent expliquer ce qui s’est passé pendant la guerre », souligne Brahim Ouerzazi. En clair, il est difficile de s’improviser guide touristique sur un circuit militaire.
Un itinéraire indicatif avec l’emploi du temps sur treize jours est disponible sur le site de la société. Au programme : visite des lieux où se sont passés les plus grandes batailles, mais aussi de certains hauts lieux culturels du pays et des activités de divertissement. « Les militaires doivent découvrir ce qui s’est passé à cette époque, mais aussi se détendre », poursuit le numéro un de Travel Academy.
Les premiers à avoir profité de cette expérience sont des membres de la Sabretache, société d’étude d’histoire militaire basée en France, dont le « patron » de Travel Academy est le correspondant en Tunisie. Ils ont fait deux circuits : le premier (2001) s’est terminé à Tunis, alors que le second (2002) a pris fin à Tozeur, dans le sud du pays. « Pour une semaine, chacun des 45 participants du dernier voyage, qui ne comprenait ni soirées ni autre extras, ont payé 330 euros », explique Brahim Ouerzazi.
La Chine et les Etats-Unis intéressés
Les saint-cyriens ont dû payer plus cher. « Leur séjour était plus luxueux. Il comprenait notamment le voyage en bateau, la logistique, les visites, la pension complète et des sorties. Chacun a donc payé 65 euros par jour », poursuit Brahim Ouerzazi. Le spécialiste des circuits militaires souligne par ailleurs que « ce circuit a été beaucoup plus lourd à organiser que celui pour la Sabretache. Il nous a fallu trois mois pour tout mettre en place et, une fois qu’ils sont arrivés, nous avions une équipe de 12 personnes pour les encadrer. En tout et pour tout, nous avons dépensé 65 000 euros ». Ce qui laisse à Travel Academy une marge de plus de 10 000 euros.
Pendant leur séjour, les Français ont entre autres visité l’académie militaire de Foundouk Djedid, « l’équivalent de Saint-Cyr en Tunisie », explique Brahim Ouerzazi. Ils ont par ailleurs tous été invités à un déjeuner à Hammamet par le ministre de la Défense Nationale Dali Jazi, au nom du Président Zine El Abidine Ben Ali, lui-même ancien saint-cyrien. Tunisiens et Français semblent très satisfaits de cette expérience. « Nous nous sommes engagés moralement avec Saint-Cyr à organiser un circuit pour chaque promotion de l’école française. Pour que cela devienne une tradition dont tous les saint-cyriens bénéficieront », confie avec enthousiasme Brahim Ouerzazi, qui estime que le circuit a été « une parfaite réussite ». Travel Academy a eu d’autres retours positifs. Comme ceux de l’ambassade de Chine ou de l’attaché militaire des Etats-Unis en Tunisie. En novembre prochain, des militaires Américains pourraient même s’adonner aux joies de ce tourisme pas comme les autres.