Alors que le Premier ministre Ali Larayedh doit annoncer l’engagement du gouvernement à respecter la feuille de route, qui prévoit notamment la démission du gouvernement dans les trois prochaines semaines, l’opposition, elle, ne désarme pas. Elle prévoit une manifestation à Tunis, le même jour du deuxième anniversaire de l’arrivée d’Ennahda au pouvoir.
Le 23 octobre 2011, les Tunisiens élisent les 217 députés de l’Assemblée Nationale Populaire dont une majorité d’entre eux sont issus d’Ennahda. Le parti islamiste accède donc au pouvoir. Deux ans plus tard, la nouvelle Constitution n’est toujours pas rédigée, le pays est en proie à une grave crise politique et l’opposition qui organise une manifestation ce mercredi attend une promesse de démission de la troïka au pouvoir. C’est donc dans un contexte très tendu qu’Ennahda fête le deuxième anniversaire de son entrée au pouvoir.
Le Premier ministre Ali Larayedh doit faire une déclaration ce mercredi après un Conseil des ministres extraordinaire, selon son service de presse. « En principe, le gouvernement va annoncer son engagement à respecter la feuille de route (des négociations) et après quelques semaines, sa démission », a indiqué dans un entretien télévisé mardi soir, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar. Cette feuille de route, acceptée par Ennahda et l’opposition, sous la médiation de l’UGTT, entre autres, prévoit un dialogue national, trois semaines pour former un gouvernement d’indépendants, et un mois pour l’adoption de la nouvelle Constitution.
Toutefois, bien que le parti Ennahda a accepté de suivre cette feuille de route, il n’a pas formellement indiqué quand et sous quelles conditions ses membres quitteront le gouvernement pour laisser place à une formation d’indépendants. C’est dans ce contexte que l’opposition a décidé d’organiser une marche ce mercredi pour obtenir la démission du gouvernement.
Maintenir la pression
Un communiqué du gouvernement indique pourtant que « le dialogue national va commencer avec un engagement franc du chef de gouvernement en vertu duquel il s’engage à présenter sa démission conformément à la feuille de route et dans les délais qu’elle mentionne ». C’est ce qu’il est censé déclarer dans son discours de ce mercredi. Mais les opposants veulent maintenir « la pression » sur Ennahda. Le rassemblement a commencé à midi (11H GMT) sur l’avenue Bourguiba, à Tunis.
Des responsables du parti islamiste sont montés au créneau à l’image de Noureddine Arbaoui qui a dénoncé les appels à manifester de l’opposition les qualifiant de « préparatifs négatifs qui visent à détruire le consensus ». De manière générale, les militants d’Ennahda reprochent à l’opposition et aux membres de l’ancien régime de saper les efforts de la majorité.
En marge de la démission attendue du gouvernement, la polémique autour de la rédaction de la Constitution pourrait bien cesser dans les prochaines semaines. Pas moins de cinq brouillons du projet de la Constitution ont dû être rédigés, dont le dernier date du 1er juin 2013, avant que 95% de la Constituante ne soit d’accord sur 95% du contenu. Il reste toutefois quelques points de litige à résorber, notamment depuis l’assassinat d’un député de l’opposition le 25 juillet 2013, Mohamed Brahmi, qui a de fait bloqué le processus constitutionnel. Après la validation officielle de la feuille de route, les partis politiques auront un mois pour livrer la nouvelle Constitution tant attendue par les Tunisiens.