A peine lancé, le Dialogue national en Tunisie a été suspendu lundi soir. Le pouvoir et l’opposition ne sont pas d’accord sur le nom du prochain Premier ministre.
Le pouvoir, mené par le parti islamiste Ennahda, et l’opposition ne s’entendent pas sur le nom du nouveau Premier ministre tunisien. Alors que son nom aurait dû être annoncé ce lundi, les pourparlers ont été suspendus selon le médiateur de la crise, le syndicat UGTT. « Nous avons décidé de suspendre le Dialogue national jusqu’à ce qu’il y ait un terrain favorable à sa réussite », a déclaré le secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abassi, soulignant qu’il n’y a aucun « consensus sur la personnalité qui dirigera le gouvernement ». Faute de consensus, les deux parties se rejettent la responsabilité du blocage.
Sur la liste des pressentis au poste de Premier ministre, deux noms s’opposent : Ahmed Mestiri, 88 ans, soutenu par Ennahda et son allié Ettakatol, et Mohamed Ennaceur, 79 ans, voulu par l’essentiel de l’opposition, pour succéder à Ali Larayedh. Face au refus d’Ennahda, la coalition d’opposition, le Front de salut national, a proposé d’abandonner la candidature d’Ennaceur à condition qu’Ennahda et Ettakatol renoncent à leur poulain. Mais, selon l’opposant Mourad Amdouni, « Ennahda et Ettakatol ont refusé » cette proposition.
L’ancien ministre et fondateur du Mouvement des Démocrates Socialistes, Ahmed Mestiri, a souligné ce mardi 5 novembre, dans un entretien accordé à Shems FM, qu’il est le candidat du quartet parrainant le dialogue national au poste de chef du gouvernement, et non celui des partis politiques. Ce dernier a expliqué vouloir diriger le gouvernement à condition que le quartet le lui propose et le soutienne dans cette démarche. Cependant, des critiques fusent à propos de son âge avancé et ses capacités à tenir un gouvernement, étant donné les doutes sur son état de santé.
Une crise dans l’impasse
Selon le calendrier politique fixé par la feuille de route, un nouveau cabinet composé d’apolitiques doit être formé d’ici la mi-novembre. Le délai semble être compromis suite à cette nouvelle altercation politique. Samir Bettaïeb, du parti Al Massar, a estimé ce mardi que « s’il n’y a pas de consensus, ce sera l’échec des négociations ».
« Et si la solution tant attendue n’est pas trouvée aujourd’hui (lundi), devra-t-on s’attendre à ce que le dialogue national soit rompu ? », s’interroge le quotidien La Presse. C’est désormais chose faite, ou presque. Le dialogue a pour l’heure été interrompu jusqu’à ce que les deux parties se mettent d’accord sur le prochain Premier ministre.
Mohsen Marzouk, membre du comité constitutif du parti d’opposition Nidaa Tounes a demandé, ce mardi, sur page Facebook, une reprise du Dialogue national sur de nouvelles bases. Il estime que si le Dialogue national est définitivement rompu, la Troïka (coalition au pouvoir, ndlr) devra assumer ses responsabilités et organiser des élections sous contrôle international. Il appelle cependant à l’optimisme et assure que la sortie de crise est proche.
Le prolongement, dimanche dernier, de l’état d’urgence jusqu’à fin 2014, en vigueur depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011, souligne l’ambiance délétère que traverse actuellement la Tunisie. Quant aux Tunisiens, ils sont les premières victimes d’une prise d’otage politique.