La sortie malencontreuse du Président tunisien, Kaïs Saïed, continue de faire des vagues. Et plusieurs pays sont en train de prendre leurs dispositions face aux menaces du dirigeant nord-africain. Si le Sénégal a mis en place une cellule de crise en Tunisie, la Côte d’Ivoire compte rapatrier ses ressortissants.
Le Président tunisien, Kaïs Saïed, a prôné des « mesures urgentes » contre l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne. Lors d’un Conseil national de sécurité, le dirigeant tunisien a évoqué des « masses incontrôlées » venues du Sud. Il a même fait état de « hordes de migrants clandestins » qui ont pour but de transformer la Tunisie en « pays africain seulement » et de l’arracher « aux nations arabo-musulmanes ».
Le Sénégal met en place une cellule de crise
Une sortie sévèrement critiquée à l’international. En effet, le Président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, n’a pas tardé à réagir. L’autorité « condamne fermement les déclarations choquantes faites par les autorités tunisiennes contre des compatriotes Africains ». Lesquelles déclarations, dit-il, « vont à l’encontre de la lettre et de l’esprit de notre Organisation et de nos principes fondateurs ».
Sans tarder, le ministère sénégalais des Affaires étrangères a mis en place une cellule de crise. Sa mission étant d’assurer, à partir de l’ambassade sénégalaise en Tunisie, la protection des Sénégalais établis dans ce pays. « L’ambassadeur du Sénégal en Tunisie a été instruite de mettre en place une cellule de crise pour assurer la protection de nos ressortissants et de leurs biens », a indiqué un communiqué du ministère.
La Côte d’Ivoire rapatrie ses citoyens
Le ministère sénégalais des Affaires étrangères dit suivre de près la situation qui prévaut en Tunisie. Non sans rappeler l’attachement particulier du Sénégal à la sécurité et à la sûreté des communautés sénégalaises partout où elles résident et en toute circonstance. Le ministère en charge des Sénégalais de l’extérieur a en outre appelé les ressortissants sénégalais au calme et à la sérénité.
De son côté, la Côte d’Ivoire a décidé de ramener à la maison ses concitoyens. « Au regard de la situation en Tunisie, le gouvernement ivoirien a donné des instructions pour enclencher une opération de rapatriement de 500 Ivoiriens. La compagnie Air Côte d’Ivoire a été mobilisée pour opérer ces retours », a indiqué le bureau du Premier ministre ivoirien, dans un communiqué, publié hier mercredi, à l’issue du Conseil des ministres.
La CEDEAO appelle Kaïs Saïed et rassure
Plusieurs dizaines d’organisations ont dénoncé un discours « raciste » et « haineux » du chef de l’Etat tunisien. La communauté subsaharienne établie en Tunisie vit sous la psychose d’arrestations et de persécutions après ces propos choquants. Surtout que le Président tunisien accuse les migrants d’être à l’origine de la hausse de la criminalité.
Mardi, le président de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embalo, a évoqué un long appel téléphonique avec Kaïs Saïed. Il soutient avoir échangé « sur les propos contre les migrants africains » résidant en Tunisie. Selon le dirigeant bissau-guinéen, « des clarifications ont été obtenues » sur cette malencontreuse sortie du Président tunisien. Et de rassurer que « la Tunisie est et restera une terre d’accueil africaine ».