En soutien au journaliste Zied el-Heni, libéré après un week-end d’incarcération, les professionnels des médias tunisiens sont descendus dans les rues de Tunis pour exprimer leur colère et mettre en garde le gouvernement contre une confiscation de la liberté de la presse.
Le ras-le-bol d’une presse muselée par le gouvernement. C’est ce que des centaines de professionnels des médias ont exprimé ce lundi, lors d’un rassemblement, à l’initiative du Syndicat national des journalistes tunisiens, place de la Kasbah à Tunis, où siège le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda. Les protestataires ont tenu à exprimer leur colère contre le gouvernement qui est une entrave à la liberté de la presse.
Mais leur contestation a surtout été organisée pour soutenir le journaliste Zied el-Heni interpellé vendredi puis emprisonné le weekend avant d’être libéré sous caution lundi matin. « Le dossier doit maintenant retourner devant le juge d’instruction qui doit écouter nos arguments. Selon moi, cette affaire doit être classée », d’après Me Abdelaziz Essid, l’avocat du journaliste. Ce dernier avait été incarcéré pour avoir accusé un procureur de falsifier des preuves impliquant un cameraman dans une affaire de jet d’œuf contre un ministre en août.
Nouvelle grève mardi
Pour Zied el-Heni, sa libération est la « victoire de tous les défenseurs de la liberté d’expression sur ceux qui, avec l’aide de l’appareil judiciaire, voulaient confisquer cette liberté et régler leurs comptes avec ceux qui ne veulent pas céder ». Même si le journaliste a été libéré, les professionnels des médias ne comptent pas en rester là. Le Syndicat national des journalistes tunisiens a d’ores et déjà appelé à une nouvelle grève des médias, mardi pour dénoncer les pressions de la justice, de la police et du gouvernement.
Les protestataires condamnent également la législation actuelle concernant les médias. Alors qu’en Tunisie, le droit des médias est en théorie régi par les décrets 115 et 116 adoptés après la révolution de 2011, les procureurs continuent en réalité en parallèle de s’appuyer largement sur le code pénal hérité du régime du Président déchu, Ben Ali, toujours en vigueur, et prévoyant des peines de prison ferme pour des délits de presse et d’opinion. Un dogme auquel, pour le moment, la révolution de janvier 2011 n’a pas réussi à mettre fin.