Tunisie : les enseignants suspendent les cours après le décès de trois élèves à Sidi Bouzid


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Une classe
Une classe vide

Un drame tragique survenu à Sidi Bouzid a plongé le système éducatif tunisien dans une profonde consternation. Mardi, l’ensemble des collèges et lycées du pays ont observé un arrêt total des cours à l’appel des syndicats de l’enseignement secondaire, en réaction à la mort de trois élèves causée par l’effondrement d’un mur au lycée de Mazouna.

En Tunisie, un mouvement de protestation, lancé par la Fédération générale de l’enseignement secondaire – branche affiliée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) – vise à exprimer non seulement le deuil national, mais aussi une colère croissante contre l’état déplorable des infrastructures scolaires publiques. Ce, suite au décès de trois élèves tués par l’effondrement d’un mur au lycée de Mazouna.

Selon la déclaration publiée sur la page officielle du syndicat, l’incident s’est produit lundi lorsqu’une portion du mur extérieur de l’établissement, fragilisé par le temps et les intempéries, s’est brutalement effondrée. Le drame a coûté la vie à trois élèves et blessé plusieurs autres. Des vents violents seraient à l’origine de cet effondrement, mais pour le syndicat, la responsabilité est bien plus large et structurelle.

Une infrastructure scolaire délabrée et un État pointé du doigt

La Fédération syndicale n’a pas mâché ses mots, dénonçant avec véhémence l’inaction des autorités et l’absence de politiques publiques sérieuses en matière de réhabilitation des établissements éducatifs. « Ce drame n’est pas une fatalité, mais la conséquence directe d’années de négligence et d’abandon de nos écoles », peut-on lire dans le communiqué.

Le mur en question aurait été construit dans les années 1980, sans rénovation notable depuis. Les syndicats estiment que cette situation est emblématique d’un réseau d’établissements publics en déliquescence, marqué par un manque criant de maintenance, des bâtiments vétustes et des équipements insuffisants. En signe de deuil et de protestation, les enseignants de tout le pays ont donc décidé de cesser les cours pour une journée.

Silence du ministère de l’Éducation

Un geste fort pour rendre hommage aux victimes, mais aussi pour alerter l’opinion publique et les autorités sur la gravité de la situation. Jusqu’à présent, le ministère de l’Éducation n’a publié aucun communiqué officiel en réponse à l’incident ou à la déclaration du syndicat. Ce silence a été perçu comme un mépris supplémentaire par nombre d’enseignants, de parents et d’élèves, déjà bouleversés par le drame.

La réaction de l’État est attendue avec une impatience mêlée de colère. Car pour beaucoup, ce drame aurait pu être évité si des mesures préventives avaient été prises. Notamment des contrôles réguliers de sécurité dans les établissements et des investissements dans la réhabilitation des infrastructures scolaires.

Des précédents alarmants en Tunisie et en Afrique

Cette tragédie n’est malheureusement pas un cas isolé. En Tunisie même, plusieurs incidents ont été signalés ces dernières années, notamment des effondrements partiels de plafonds dans des écoles de régions intérieures, souvent pauvres et marginalisées. En 2022, par exemple, une école primaire à Kairouan avait dû fermer temporairement après la chute d’une partie du toit de la salle des enseignants.

Au-delà des frontières tunisiennes, de nombreux pays africains font face à des situations similaires. En Côte d’Ivoire, en 2023, l’effondrement du toit d’une école à Yamoussoukro avait causé plusieurs blessés parmi les élèves. Au Cameroun, des incidents du même type sont récurrents, particulièrement en zones rurales où les établissements sont souvent construits avec des matériaux précaires et sans supervision technique adéquate.

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