Jugé coupable d’agression sur une femme, le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik a été condamné samedi à six mois de prison ferme par la Cour d’appel de Tunis. Ecroué le 29 octobre, le journaliste âgé de 49 ans a été jugé pour « faits de violence, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire des biens d’autrui » suite à une plainte déposée contre lui par Rym Nasraoui, une femme d’affaires tunisienne de 28 ans. Le journaliste qui était connu pour ses écrits hostiles au régime du président Zine El Abidine Ben Ali, s’est dit être la cible d’« un procès politique ».
Le verdict vient de tomber. Le journaliste tunisien, Taoufik Ben Brik a été condamné samedi par la Cour d’appel de Tunis à six mois de prison pour violences contre une femme. L’intervention de son entourage, des organisations des droits de l’Homme et des autorités françaises n’auront pas réussi à faire plier le gouvernement tunisien au grand « regret » de Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie. « Je suis pour la liberté de la presse, je pense qu’il faut absolument la respecter, et je m’efforce (…) de défendre cette position partout. Nous avons essayé au maximum de défendre cette liberté de la presse », a-t-il déclaré.
D’après l’avocate militante des droits de l’Homme, Radhia Nasraoui, le journaliste tunisien devrait « rester détenu à Siliana (130 km de Tunis), sauf mesure de grâce présidentielle ou pourvoi en cassation possible dans les dix jours. « Encore une fois nous avons une décision d’Etat et non de justice », a réagi son épouse Azza Zarrad, affirmant vouloir « porter l’affaire devant les Nations unies ».
Un procès politique
Taoufik Ben Brik, âgé de 49 ans, n’a cessé de clamer son innocence, se disant la cible d’un « procès politique » dans le cadre d’une « affaire fabriquée par les services spéciaux », pour le punir de ses écrits hostiles au régime. «J’ai été arrêté deux heures après la parution d’une interview imaginée» avec le président Zine El Abidine Ben Ali, au moment où il postulait à sa réélection pour un nouveau mandat en octobre dernier, ava it-il expliqué, le 23 janvier, à l’issue de son premier procès dont le verdict avait été reporté au 30 du même mois.
Auteur d’écrits satiriques ciblant le chef d’Etat tunisien dans les médias français, Taoufik Ben Brik avait été arrêté le 29 octobre et condamné le 28 novembre dernier, à la suite d’une plainte déposée contre lui par Rym Nasraoui, une femme d’affaires de 28 ans qui l’accusait d’avoir embouti sa voiture et de l’avoir battue et insultée devant deux témoins. Il avait été jugé en première instance coupable de « faits de violence, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire des biens d’autrui ».
Depuis l’incarcération du journaliste à la prison de Siliana, sa femme mais aussi ses frères et sœurs avaient multiplié les démarches pour le faire sortir. Ils avaient notamment entamé une grève de la faim le 6 janvier dernier pour protester contre les conditions de détention de Taoufik Ben Brik, qui souffre du syndrome de Cushing, une maladie dégénérative des défenses immunitaires.
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