C’est la 29e édition de la Foire internationale du livre de Tunis et la première après la révolution du 14 janvier qui avait chassé l’ancien président Ben Ali du pouvoir. Le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, a tenu à le rappeler, vendredi, à l’ouverture de la foire : révolutions arabes et liberté d’expression sont au cœur de cette nouvelle édition, qui se tient jusqu’au 11 novembre au Palais de la Foire du Kram.
« Les stands proposent des livres (…) dénotant une richesse qui démontre notre volonté de soutenir la liberté d’expression et de rompre avec la politique des lignes rouges », a souligné vendredi Hamadi Jebali, à l’ouverture de la Foire internationale du livre de Tunis, placée cette année sous le signe des révolutions arabes, rapporte Xinhua.. « Cette session est la première après la révolution du 14 janvier », a aussi précisé le Premier ministre.
Mardi dernier, le ministre de la culture, Mehdi Mabrouk, l’avait également affirmé : cette 29e foire internationale se caractériserait par la liberté de circulation des œuvres et par l’absence totale de censure, contrairement à ce qui se faisait d’après lui avant la révolution, explique le quotidien local Le Temps .
Le « Printemps arabe » est passé par là. C’est en tout cas le sens du programme de cette année avec, notamment, beaucoup de conférences sur le sujet. « L’avenir de la culture après les révolutions du Printemps arabe » ou encore l’ « éloquence des places publiques » comme « esthétique de la révolution égyptienne » seront par exemple les thèmes abordés cette semaine.
L’Egypte, invitée d’honneur
L’Egypte, justement, qui a elle aussi vécu un bouleversement politique après le départ d’Hosni Moubarak, est l’invitée d’honneur de cette édition. Elle compte en effet 85 exposants, sur les 317 conviés à la foire, et est ainsi le deuxième pays, après la Tunisie, à être représenté à cette manifestation. L’idée est, selon La Presse de Tunisie, de « rendre hommage » à ce pays, qui a emboîté le pas à Tunis en renversant son dirigeant et « conforté à travers le monde entier l’image du Printemps arabe ».
En janvier et février 2011, en effet, les présidents tunisien, Zine el-Abidine Ben Ali, et égyptien, Hosni Moubarak, étaient renversés par des révoltes populaires. Suite à ces révolutions, des partis islamistes, Ennahda (la « renaissance » en arabe) pour la Tunisie, et le Parti de la Liberté et de la Justice des Frères musulmans pour l’Egypte, arrivaient au pouvoir via la tenue d’élections libres.
Mais pour ce qui est de la « liberté d’expression » prônée par le Premier ministre tunisien, elle reste fragile. En témoignent notamment, dans les deux pays, les inquiétudes de la presse quant à la mise en place récente, à la tête de rédactions, de personnalités réputées proches du pouvoir. Ou encore cette crainte, a priori apaisée, qui avait saisi une partie de la population tunisienne de voir s’ajouter à la nouvelle Constitution un dispositif sanctionnant toute « atteinte au sacré ». Le président de l’Assemblée nationale constituante tunisienne a finalement affirmé, à la mi-octobre, que ce ne serait pas le cas. Signe, peut-être, de révolutions qui doivent encore se poursuivre.