Le parti islamiste Ennahda, première force politique en Tunisie, tiendra dès ce jeudi son premier congrès public depuis la chute de l’ancien président Ben Ali. Le principal objectif d’Ennahda est de consolider le « processus démocratique dans le pays ».
Le lundi 9 juillet, le président de la commission supérieure de la préparation du congrès, Riadh Chaïbi, annonçait que le parti Ennahda en Tunisie tiendra, ce jeudi à Tunis, son neuvième congrès public, le premier depuis la chute de Ben Ali. « L’objectif majeur de ce congrès est de faire en sorte que ce rendez-vous politique consacre la rupture définitive avec le passé et qu’il constitue une étape privilégiée sur la voie de la consolidation du processus démocratique dans le pays », a annoncé M. Chaïbi. Pendant trois jours, près de 1 200 congressistes discuteront de l’approche du mouvement islamiste et de la nature du système politique adéquate pour la Tunisie. Selon Riadh Chaïbi, cette avancée ne se fera pas sans alliances politiques. Quatre motions seront au programme des échanges : la motion générale, la motion politique, la motion sociale et la motion à propos de la vie interne du parti.
L’élargissement de la troïka et l’évolution d’une « coalition de conjoncture à une alliance stratégique » font partie des objectifs du parti islamiste. « Nous voulons, à travers cette philosophie en matière d’alliance, parvenir à une convergence stratégique pour les 10 à 15 ans à venir, dans le but d’asseoir les fondements d’une démocratie stable irréversible qui barre la voie au retour du despotisme », a-t-il expliqué sans donner davantage de détails.
Des alliances « religieuses » ?
Il ne serait pas étonnant d’observer de nouvelles alliances se former avec Ennahda. Riadh Chaïbi l’a lui-même annoncé, les congressistes s’intéresseront à l’éventuel élargissement de la troïka mais aucun parti n’a pour le moment été évoqué. Certains analystes pensent que le parti islamiste pourrait se rapprocher d’autres partis et associations d’obédience islamique pour former un « Etat religieux », une sorte de « démocratie halal ».
Avant que le congrès ne prenne fin dimanche prochain, il sera procédé à l’élection des nouvelles instances dirigeantes et il n’est pas exclu que Rached Ghannouchi soit réélu à la tête du parti. « La candidature devra être présentée par les congressistes et le cas échéant entérinée par le conseil de la choura (consultatif) », a expliqué à la presse le président de la commission. Selon Associated Press, près de deux-cents personnalités à travers le monde, dont le président du bureau politique du mouvement radical palestinien, Khaled Mechael, le chef du parti islamiste soudanais de la Oummah, Sadok Mehdi, le président du Conseil national de transition libyen, Mustapha Abdeljalil, et le secrétaire général du Front national de libération algérien, Abdelaziz Belkhadem, ont été invités à la séance inaugurale censée rassembler plus de 25 000 personnes.
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