Le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaâ a mis en garde lundi contre une situation économique qui risque de devenir « catastrophique », admettant qu’il manque 4 milliards de dinars dans le budget de l’Etat.
L’économie tunisienne en très grande difficulté n’est pas prête de reprendre son souffle. C’est ce que le Premier ministre Mehdi Jomaâ a admis dans une interview à la chaîne publique Wataniya et à la télévision privée Nessma, un mois après avoir pris ses fonctions. Le nouveau chef du gouvernement tunisien a en effet tiré la sonnette d’alarme contre une situation économique qui risque de devenir « catastrophique. En toute franchise, la situation est plus difficile que ce que nous croyions », a-t-il dit. « Il va nous falloir faire des sacrifices. On peut ignorer la réalité, mais la réalité ne nous ignorera pas », a-t-il insisté.
Le Premier ministre, qui a formé à la fin du mois de janvier un gouvernement apolitique après le départ du pouvoir de la coalition menée par le parti islamiste Ennahda, a également affirmé qu’il manquait 4 milliards de dinars (1,8 milliard d’euros) dans le budget de l’Etat. « Nous ne savons pas d’où les ramener, il faut que nous trouvions les ressources. Nous avons l’intention de lancer une souscription pour financer les caisses de l’Etat, mais ce n’est pas suffisant. J’ai l’intention d’aller dans les pays du Golfe, aux Etats-Unis et en France. Nous allons emprunter encore plus », a-t-il indiqué.
« Nous n’avons pas travaillé ces dernières années »
Mehdi Jomaa a notamment affirmé que le gouvernement allait examiner « au cas par cas » la situation des compagnies publiques en difficulté, comme la compagnie aérienne nationale Tunisair, qui demande une aide équivalant à « quatre fois son chiffre d’affaires. Nous n’allons pas baisser les salaires, mais il n’y aura pas de nouveaux recrutements dans la fonction publique. Nous n’avons pas de quoi les financer ». Pour redresser le pays, le chef du gouvernement a appelé les Tunisiens à se mettre au travail. « Il faut que nous soyons sincères : pendant ces trois dernières années (depuis la révolution), nous n’avons pas travaillé. L’administration n’a pas travaillé, les compagnies n’ont pas travaillé, nous n’avons pas respecté les lois. Ce n’était pas ce que nous attendions de la révolution. Une autre révolution nous attend, celle des mentalités ».
L’économie n’est pas le seul chantier sur lequel les nouveaux dirigeants devront se pencher. La situation sécuritaire du pays est aussi préoccupante, même si elle est en amélioration, selon le Premier ministre qui a toutefois appelé à la vigilance. « La Tunisie est plus sûre qu’hier, mais nous n’en avons pas fini avec le terrorisme. Restons prudents (…), le terroriste est traître, le terrorisme ne pardonne pas. Il faut que nous soyons préparés à d’autres coups », a-t-il affirmé. Mehdi Jomaâ a toutefois réitéré l’engagement de son gouvernement à organiser des élections « transparentes » prévues avant la fin de l’année, estimant que « « l’intérêt du pays est de tourner la dernière page du processus de transition politique ».