Les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens se dotent d’une nouvelle direction. La presse nationale ignore l’événement, préférant parler des » réalisations du président » en la matière.
La ligue de défense des droits de l’Homme en Tunisie (LDHT), a porté à sa tête un nouveau président, Mokhtar Trifi, qui allie la modération et la radicalité face au régime. Le comité directeur, composé de 25 membres, est à l’image de ce personnage, un habile compromis entre les partisans du dialogue avec le président Ben Ali et les intransigeants qui s’y refusent.
» C’est absurde de parler de modérés et de radicaux, les deux courants ne sont qu’un moyen pour faire avancer les droits de l’Homme en Tunisie « , s’insurge Kamel Jendoudi, chargé de mission à la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), basée à Paris.
Police présente
Il préfère parler de l’état alarmant des cinquante détenus politiques, militants du parti islamiste El-Nahda, en grève de la faim depuis 64 jours. Trois sont en situation très critique. Le congrès de la LDHT s’est passé pour une fois sans grands incidents, même si la police a essayé vainement d’empêcher les familles des grévistes de la faim d’y accéder.
La presse tunisienne occulte totalement l’événement. Elle préfère célébrer » les réalisations de la Tunisie en matière des droits de l’Homme depuis le Changement du 7 novembre 1987 « , date du coup d’Etat médical de Ben-Ali. Elle se fonde sur la publication de huit ouvrages relatifs aux droits de l’Homme.
Mokhtar Trifi était journaliste avant de devenir avocat. Avoisinant la cinquantaine, membre d’Amnesty international. Il s’est illustré dans les procès d’opposants et de syndicalistes.
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