Le meurtrier présumé de Chokri Belaïd est identifé mais en fuite, a annoncé le nouveau Premier ministre tunisien.
Le meurtrier présumé de l’opposant Chokri Belaïd n’a pas été interpellé mais seulement identifié, a annoncé ce mardi le Premier ministre Ali Larayedh. « Le tueur a été identifié et il est pourchassé », selon lui. Quatre autres suspects ont été arrêtés. Ils appartiennent à un courant religieux radical, a-t-il ajouté.
Celui qui aurait tiré sur l’emblématique opposant tunisien serait un artisan spécialisé dans les meubles en aluminium. Son complice l’aurait aidé à fuir en moto. La police, qui s’est basée sur le témoignage d’une femme pour les arrêter, affirme que le présumé tueur serait actif dans la Ligue de la protection de la révolution, un mouvement pro-islamiste très radical. D’ailleurs, selon la radio Mozaique FM, le suspect aurait déjà avoué son crime contre Chokri Belaïd, affirmant qu’il ne faisait qu’exécuter « une fatwa qui appelait au meurtre ».
La Ligue de la protection de la révolution est régulièrement accusée par l’opposition d’orchestrer des attaques contre des opposants ou des associations. La mouvance salafiste est aussi soupçonnée d’être à l’origine des attaques contre l’ambassade américaine en septembre dernier qui ont fait quatre morts. Les militants de la ligue islamiste sont aussi pointés du doigt pour le lynchage à mort d’un représentant d’un parti d’opposition à Tatouine à l’automne 2012 ainsi que pour l’attaque qui a visé le siège du syndicat UGTT en décembre.
La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis l’assassinat de Chokri Belaïd, dirigeant du Front populaire, qui regroupe plusieurs mouvements de gauche et nationalistes. Le Premier ministre Hamadi Jebali, qui réclamait la formation d’un gouvernement de technocrates, a démissionné. Ce dernier s’est heurté au chef du parti islamiste au pouvoir Ennahda, Rached Ghannouchi qui s’est fermement opposé à ce projet, dénonçant une remise en cause de la légitimité de son parti à diriger le pays.
Ennahda a même été jusqu’à organiser des manifestations contre les initiatives de l’ancien chef du gouvernement, remplacé désormais par Ali Larayedh, 57 ans, le ministre de l’Intérieur sortant. Ce dernier est toutefois loin de faire l’unanimité. Près de 59% des Tunisiens, selon un sondage TBC, ont affirmé ne pas avoir confiance en ses capacités pour redresser le pays. Il n’a pas encore nommé son nouveau gouvernement.