Tunisie : Kaïs Saïed accélère la marche vers l’hyper-présidentialisme


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Le Président tunisien, Kaïs Saïed
Le Président tunisien, Kaïs Saïed

Le Président tunisien, Kaïs Saïed, a démis le Premier ministre Ahmed Hachani de ses fonction. La décision est tombée mercredi soir. Le désormais ex-chef du gouvernement a immédiatement été remplacé par le ministre des Affaires sociales Kamel Madouri. Le Président tunisien marche résolument vers un régime hyper-présidentialiste.

A peine un an après sa nomination, Ahmed Hachani perd son fauteuil de Premier ministre tunisien. Nommé le 1er août 2023 en remplacement à Najla Bouden, il vient d’être remercié dans la soirée de ce mercredi 7 août. Un changement intervenu sans explications officielles. Comme l’a d’ailleurs été celui de son prédécesseur.

Le Président Kaïs Saïedi règne sans partage en Tunisie depuis son coup de force du 25 juillet 2021. Ce limogeage intervient à quelques mois de l’élection présidentielle en Tunisie. Élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed s’est octroyé tous les pouvoirs, il y a trois ans. A l’époque, il avait limogé son Premier ministre et suspendu le Parlement qu’il a par la suite dissous.

Passage du Printemps Arabe

Récemment, il a annoncé briguer un deuxième mandat lors de la Présidentielle du 6 octobre. Auparavant, il avait révisé la Constitution, en 2022, pour instaurer un régime hyper-présidentialiste. Le dirigeant tunisien a en outre pris le soin de faire élire un nouveau Parlement dont les pouvoirs sont très limités. Ce qui a davantage fragilisé la démocratie dans ce pays d’Afrique du Nord.

Le paysage politique tunisien a été profondément transformé par le Printemps Arabe, qui marquait la fin d’une ère autoritaire pour ouvrit une période de transition démocratique. Cependant, ce chemin s’est avéré plus sinueux que prévu, confrontant le pays à de nombreux défis. En 2011, la révolution populaire contraint Zine el-Abidine Ben Ali à l’exil, mettant fin à des décennies de régime autoritaire.

La stabilité politique et sociale fragilisée

Les premières élections libres en 2011 voient la victoire d’Ennahda, un parti islamiste modéré. La période qui suit est marquée par une grande instabilité politique, avec des tensions entre les différentes forces politiques, notamment entre islamistes et laïcs. L’assassinat de figures politiques, comme Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, exacerbent les tensions.

En 2014, une nouvelle Constitution est adoptée, marquant une avancée importante dans la transition démocratique. Elle instaure un système politique mixte, combinant un régime présidentiel et un régime parlementaire. La Tunisie est confrontée à une situation économique difficile, avec un taux de chômage élevé et une croissance économique faible. Ces défis ont fragilisé la stabilité politique et sociale.

Un retour en arrière démocratique ?

La décision prise en juillet 2021, par le Président Kaïs Saïed, de dissoudre le Parlement et de s’arroger de larges pouvoir a suscité de vives critiques de la part de ses opposants et de la communauté internationale. Décision qui marque un tournant dans la transition démocratique tunisienne et soulève des interrogations sur l’avenir du pays.

Aujourd’hui, les libertés publiques sont restreintes et le processus de transition démocratique semble compromis. La pandémie de Covid-19 a aggravé la situation économique du pays, renforçant les tensions sociales. Le pouvoir de Kaïs Saïed est contesté et l’avenir de la démocratie tunisienne incertain.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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