La Tunisie gouvernée par des technocrates apolitiques ? Le Premier ministre islamiste Hamada Jebali entend former un gouvernement de « compétences nationales sans appartenance politique ». Le meurtre de l’opposant Chokri Belaïd aurait accéléré sa prise de position.
Le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, a annoncé son intention de former un nouveau gouvernement apolitique. Cette décision fait suite à l’assassinat ce mercredi 6 février de l’opposant Chokri Belaïd. « J’ai décidé de former un gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique qui aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays et jusqu’à la tenue d’élections dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée.
Pour l’heure, aucune date précise sur la tenue de nouvelles élections n’a été fixée. Mais elle ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs mois. La nouvelle Constitution n’a en effet toujours pas été validée par l’Assemblée Constituante, formée en octobre 2011, faute de compromis.
L’islamiste Jebali compte maintenir sa place à la tête de ce nouveau cabinet. La liste des futurs ministres n’a pas été dévoilée. Cette décision ferme du Premier ministre doit clore le chapitre d’un long cafouillage politique entre Ennahda et ses alliés de l’actuelle troïka (Ettakatol et le CpR). Voilà plusieurs mois que la coalition n’est pas arrivée à se mettre d’accord sur la refonte du gouvernement. En cause, Ennahda qui refuse de céder les ministères régaliens à des indépendants comme le réclamaient les alliés laïcs.
Il se murmure que le Premier ministre, considéré comme étant l’un des plus modéré d’Ennahda, était favorable à céder ces ministères contrairement à la frange la plus dure du parti islamiste. Mais aux dernières nouvelles, le parti Ennahda, sans surprise, a rejeté la proposition de dissolution du gouvernement d’Hamadi Jebali.
La mort du célèbre opposant est-elle un prétexte pour former un cabinet de technocrates ? Selon Hamada Jebali, le projet était déjà en cours avant le meurtre « odieux » de Chokri Belaïd. « L’assassinat a accéléré ma prise de position pour laquelle j’assume ma responsabilité entière devant Dieu et devant notre peuple », a-t-il ajouté.
Plusieurs voix s’élèvent contre les islamistes, accusés d’avoir commandité le meurtre de Chokri Belaïd. Mais une autre version contredit cette thèse. Il se dit aussi que ce dernier a été assassiné dans le but de semer le trouble au sein gouvernement et sur l’ensemble du territoire.
Plusieurs manifestations ont eu lieu à travers le pays. Un important dispositif de sécurité est déployé depuis ce mercredi dans la capitale tunisienne, Tunis. Des violences ont été enregistrées. Enfin, l’opposition demande une journée de deuil national pour l’enterrement de Belaïd prévu vendredi. Elle réclame également une grève nationale en sa mémoire.