La désignation d’un tout nouveau Premier ministre, Habib Essid, par le Président nouvellement élu, Beji Caïd Essebsi, fait polémique en Tunisie. Et pourquoi donc ?
La Tunisie est loin de connaître une accalmie, malgré l’élection d’un nouveau Président en la personne de Béji Caïd Essebsi, synonyme d’espoir. Les premiers jalons posés par le candidat du parti Nidaa Tounes, notamment la désignation de Habib Essid comme nouveau Premier ministre, froissent plus d’un Tunisien. Ce, pour la bonne et simple raison que ce tout nouveau chef du gouvernement est connu pour sa proximité avec le parti Ennahda en plus d’avoir travaillé pour le compte du régime Ben Ali.
« Un premier signal négatif »
Dans une déclaration publiée à l’issue de sa réunion périodique, tenue ce mardi 6 janvier 2015, le conseil des secrétaires généraux du Front Populaire privilégie l’hypothèse selon laquelle cette nomination serait destinée à donner satisfaction au Mouvement Ennahda. « Le Front populaire n’a pas du tout été consulté sur le choix porté sur Habib Essid pour occuper la fonction de chef du gouvernement », indique la déclaration.
Le conseil a en outre souligné l’attachement du Front Populaire « à sa position exprimée le 24 décembre 2014, à savoir que l’une des conditions de réussite à remplir pour tout nouveau gouvernement consiste à laisser à l’écart les figures qui avaient incarné l’échec du système de la Troïka et les figures du régime despotique déchu », indiquant que la désignation de Habib Essid pour diriger le prochain gouvernement donne « un premier signal négatif à l’opinion publique (…). L’homme avait fait partie de l’ancien système, à ses différentes étapes, y compris celle de Ben Ali et celle de la Troïka ».
« Choisi conformément à la Constitution »
De son côté, Mohamed Ennaceur, vice-président du parti Nidaa Tounès, présente Habib Essid comme une personnalité indépendante, et indique qu’il a été choisi conformément à la Constitution par le parti majoritaire à l’Assemblée, pour ses compétences et son expérience, notamment en matière de sécurité.
À 65 ans, Habib Essid est conscient de la lourde tâche qui l’attend. Il a ainsi indiqué « à partir d’aujourd’hui, nous commencerons les consultations avec les partis et la société civile. Et nous essayerons, dans la mesure du possible, de terminer ces consultations au plus vite afin que la Tunisie dépasse cette période de transition le plus rapidement possible ». Une manière de dire que malgré les remous liés à sa désignation, il compte bien se mettre au travail, et au plus vite.