Après l’Algérie et le Maroc, le Président français, François Hollande, arrive en Tunisie ce jeudi pour une visite officielle de deux jours. Celle-ci intervient dans un contexte tendu entre le pouvoir en place et la population qui exige que la date des prochaines élections soient fixées et que la nouvelle Constitution mise en place.
François Hollande est attendu ce jeudi en Tunisie pour une visite officielle de deux jours. Le dirigeant français boucle ainsi ses premières visites officielles au Maghreb, depuis son élection en mai 2012. Il est accompagné d’une délégation composée de ministres, parlementaires, chefs d’entreprises, artistes et personnalités, dans le but de délivrer un « message d’encouragement ». Il doit rencontrer le Président tunisien, Moncef Marzouki, et le Premier ministre, Ali Larayedh. Ils aborderont plusieurs thèmes, notamment ceux du processus démocratique en Tunisie, de l’infiltration de groupuscules islamistes radicaux libyens en Tunisie ou encore de la situation en Egypte où le Président Mohamed Morsi a été renversé mercredi soir par l’armée.
Cette visite du chef d’Etat français a lieu dans un contexte tendu. Trois points importants continuent de vérouille le processus démocratique en route dans le pays : la liberté d’expression, la nouvelle Constitution toujours bloquée et la date des prochaines élections toujours pas fixées.
Un calendrier ambitieux
La date fixée par la troïka au pouvoir, dominée par les islamistes d’Ennahda, des élections, soit le 23 octobre 2012, n’a pas été respectée. On évoque un scrutin pour la fin de l’année, « une fable » pour certains. D’après l’ONG al-Bawsala, citée par Le JDD, les nouvelles élections n’auront pas lieu avant mi-2014. Et de fait, les membres de l’instance censée choisir la date des élections n’ont toujours pas été élus. De plus, la loi électorale n’a pas encore été adoptée par l’Assemblée nationale. Même constat pour la nouvelle Constitution toujours attendue par le peuple.
François Hollande parlera-t-il de la liberté d’expression et des violences policières en Tunisie ? Rien n’est moins sûr. Le Président français ne voudrait probablement pas froisser son hôte. Il s’agit pourtant d’une actualité bien chaude, notamment avec l’affaire Weld el 15 condamné en première instance à deux ans de prison ferme pour avoir insulté la police dans l’une de ses chansons, avant d’écoper de six mois avec sursis en appel. L’affaire a été très médiatisé car « c’est une réalité, les policiers maltraitent les détenus en garde-à-vue et le pouvoir ne réagit pas. Weld el 15 a raison, les policiers sont des chiens !», selon cette militante tunisienne.
Les chefs d’entreprises accompagnés du chef de l’Etat français tâteront également un terrain sensible sur le plan économique, depuis la chute de Ben Ali en janvier 2011. Malgré tout, la Tunisie a enregistré en 2012, par rapport à 2011, un taux de croissance de 3,6%, avec une amélioration dans la plupart des secteurs économiques. Les investissements directs étrangers se sont accentués en 2012, passant de 1615,9 millions de dinars en 2011 à 2996,1 millions de dinars en 2012.