Le vent de la révolution continue de souffler en Tunisie, en attendant que la démocratie s’installe. Aujourd’hui, le ministre tunisien de l’Industrie et de la Technologie du gouvernement de transition, Mohamed Afif Chelbi, qui figurait dans le dernier gouvernement du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, a présenté sa démission. Cette décision intervient au lendemain de violents affrontements à Tunis, ayant entraîné la démission du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, remplacé par Beji Caïd Essebsi.
La démocratie ou le chaos. Les protestataires ont obtenu la démission du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, mais ils mettent déjà la pression sur son remplaçant, Beji Caïd Essebsi, 84 ans, ancien ministre des Affaires étrangères sous Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante. Lundi, à Tunis, ils étaient encore nombreux sur la grande avenue Habib Bourguiba et à camper sur la place de la Kasbah, en dépit des importants renforts militaires déployés près du ministère de l’Intérieur. «Nous maintenons notre sit-in jusqu’à la formation d’une Assemblée constituante et la reconnaissance du Conseil de protection de la révolution», déclarait lundi matin à l’AFP le coordinateur du sit-in, Mohamed Fadhe, en référence à un collectif de l’opposition en cours de formation.
Et dans le courant de la journée, le ministre tunisien de l’Industrie, Mohamed Afif Chelbi, autre cacique du régime Ben Ali, a annoncé sa démission du gouvernement. En 2004, il avait déjà été nommé ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des petites et moyennes entreprises dans un gouvernement dirigé par Mohamed Ghannouchi.
La présence au sein du gouvernement de transition de ce même Mohamed Ghannouchi, ancien proche de Ben Ali, avait donné lieu à de violentes manifestations, vendredi et samedi, à Tunis. Ces manifestations ont entraîné la mort de cinq personnes, selon les chiffres du gouvernement…
« Ghannouchi, dégage ! »
«Ghannouchi, dégage !», hurlaient les Tunisiens vendredi et samedi derniers dans les rues de Tunis. A peine avait-il trouvé ses repères à la tête du gouvernement de transition, que Mohamed Ghannouchi devait, à son tour, céder face à la révolte populaire. Les manifestants lui reprochaient sa lenteur dans la restructuration du gouvernement. Ils l’accusaient de vouloir confisquer la révolution et rétablir la dictature, et ce, bien que le gouvernement ait réitéré sa promesse d’organiser des élections, au plus tard, le 15 juillet. Dimanche après-midi, M. Ghannouchi, Premier ministre du Gouvernement provisoire, a annoncé sa démission lors d’une conférence de presse.
Il a alors affirmé que «des forces occultes s’emploient à faire échouer l’expérience distinguée que connaît la Tunisie depuis l’évolution du 14 janvier», lit-on sur Babnet. Il a rajouté qu’il ne «souhaitait pas être la cause ni à l’origine des décisions qui pourraient provoquer encore des victimes» et que sa démission «fournira une meilleure atmosphère pour la nouvelle ère».
Ils étaient plus de 100 000 personnes, mobilisées via Facebook, à s’être rassemblés aux abords du Parlement pour célébrer la démission de Mohamed Ghannouchi. Ces protestataires semblent déterminés à vouloir mettre un terme à la vie politique de tous les participants de l’ancien gouvernement Ben Ali. Des heurts entre forces de l’ordre et manifestants ont éclaté pendant ces journées de colères. Selon le gouvernement, cinq personnes ont trouvé la mort et plus de cent autres ont été arrêtées dans la journée de samedi. Interpellations qui s’ajoutent aux 88 autres, auteurs d’actes de vandalisme interpellés vendredi lors des premiers affrontements.
La post-révolution
Des groupuscules ont tenté de s’introduire dans le ministère de l’Intérieur et ont saccagé trois commissariats du centre de Tunis samedi. Des policiers ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes et effectué des tirs de sommation, tandis que les manifestants les bombardaient de pierres, apprend-on sur Lemonde.fr. Ces heurts ont duré plus de quatre heures.
D’autres manifestants ont, quant à eux, arraché des panneaux publicitaires et des bancs publics pour tenter de freiner la progression des fourgons de police. De jeunes femmes ont rejoint le mouvement en jetant des pierres sur les policiers.
La pression monte au sein du gouvernement
La partie d’échec politique ne fait, visiblement, que commencer et les membres du gouvernement Essebsi doivent sûrement se demander quel sort leur sera réservé. En plus de devoir se faire accepter, lui et son équipe, par la rue tunisienne, et de préparer les prochaines élections générales, le nouveau Premier ministre hérite d’une situation économique plus que difficile.