La campagne des municipales en Tunisie vient de démarrer. Face au tout puissant parti du président Ben Ali, les listes de l’opposition légale sont présentes seulement dans un quart des circonscriptions.
Le coup d’envoi des élections municipales du 28 mai a été donné dimanche, dans une Tunisie accablée par la chaleur. Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) au pouvoir, entame ses échéances électorales avec grande sérénité au vu de la faiblesse de l’opposition légale qui paraît bien incapable de proposer une alternative au régime.
Avec 4 150 candidats, le RCD se présente dans la totalité des 257 circonscriptions. Il n’aura de concurrents que dans 67 d’entre elles. Soit 25% des municipalités tunisiennes.
Alors que les affiches rouges du parti présidentiel fleurissent sur les murs de chaque localité et que les réunions publiques se multiplient, » les formations concurrentes, elles, sont manifestement handicapées par les faiblesses de leurs moyens matériels et humains. Ainsi elles n’étaient pas nombreuses celles (…) qui avaient déjà affiché leur programme ou leur liste de candidats « , écrit pudiquement le quotidien La Presse de Tunisie.
Le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) présentera 25 listes, le Parti de l’unité populaire (PUP), 14, l’union démocratique unioniste (UDU), 13, le Parti social libéral, 5 et les ex-communistes du Mouvement Ettajdid, 3.
Le Rassemblement socialiste progressiste (RSP), mené par l’avocat Nejib Chebbi, s’est lui refusé à participer aux suffrages, jugeant le climat politique incapable d’assurer » une concurrence loyale « . Bon prince, le RCD garantit, par la loi, 20% des sièges au cas où les listes d’opposition atteindraient les 3%.
» Consolider le processus démocratique «
22 » indépendants » viendront compléter les troupes d’une opposition incapable d’établir des listes communes et dont les arguments de campagne frappent par leur mollesse – un manque de vigueur que les esprits chagrins se refusent toujours à attribuer à la rigueur caniculaire.
Ainsi Mohamed ben Ali, tête de liste du PUP à Sfax, s’enhardit à déclarer que » l’attitude de neutralité de l’administration ordonnée par le Président (…) ne doit pas se limiter au gouverneur et aux délégués « , mais aussi aux subordonnés. Ainsi Cheffaï Messaoudi, tête de liste du MDS, dans la circonscription d’El Ala, qui se dit confiant dans le bon déroulement des scrutins, conformes » aux directives du président Ben Ali « , allant » dans le sens de la consolidation de l’édifice démocratique national « .
A lire dans la presse gouvernementale » l’importance » que revêt ce scrutin » en matière de renforcement du processus démocratique et pluraliste, force est de constater que l’objectif politique fixé par le RCD diffère bien peu de celui de ses opposants.