Des manifestants sont descendus dans la rue lundi et ce matin pour exprimer leur rejet du nouveau gouvernement compose –encore- d’anciens du régime appartenant au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) du président déchu. Le RCD est totalement décrié, parce que gangréné par la corruption, rompu à la dénonciation et aux coups bas et au pouvoir précédent. Trois des ministres de l’Union générale du travail ont présenté leur démission.
Des figures historiques de l’opposition réelle font pourtant partie de ce gouvernement, une volonté de transparence y est affichée, la presse est libérée et le calme semble revenir. On se demande d’ailleurs si un consensus n’a pas été fait avec les policiers fauteurs de troubles pour obtenir leur reddition et leur ralliement au nouveau pouvoir. Le discours ferme et maladroit du ministre de l’intérieur semble montrer qu’il accède à une demande de réhabilitation de la part de la police. Peut-être une condition préalable à leur ralliement. La nuit précédente plutôt calme pourrait conforter cette thèse.
Bruits de démissions
En ce moment des discussions très houleuses ont lieu au sein des trois partis d’opposition qui sont entrés au gouvernement de transition lundi. L’Union générale du travail (l’UGTT) qui avait participé à la chute de Ben Ali est divisée. Une faction manifeste son désaccord alors que l’autre a rallié le gouvernement lundi. Trois desministres de l’UGTT, Abdeljelil Bédoui (ministre auprès du Premier ministre), Anouar Ben Gueddour (secrétaire d’État auprès du ministre du Transport et de l’équipement) et Houssine Dimassi (ministre de la Formation et de l’Emploi) ont effectivement annoncé leur démission du gouvernement d’union nationale, à la demande de leur organisation. « Nous nous retirons du gouvernement à l’appel de notre syndicat », a déclaré Houssine Dimassi. Le ministre de la Santé, Mustapha Ben Jaafar, chef du Forum démocratique du travail et des libertés pourrait présentér sa démission, au motif que les conditions et garanties qu’il avait exigées lors de sa prise de fonction ne seraient pas entièrement satisfaites.
Au Parti démocratique progressiste (PDP), une manifestation a lieu ce lundi devant le siège du parti pour demander la démission d’Ahmed Néjib Chebbi, qui a hérité du ministère du Développement local et régional. Les discussions engagées au sein de ce parti devraient déboucher soit sur une scission soit sur la démission du ministre.
Joint au téléphone, le parti ETTAJDID (Renaissance) ne se prononce pas. Une réunion est en cours mais officiellement il est toujours au gouvernement. Il est à noter que le POCT (communiste) et les mouvances islamiques élèvent leurs voix pour s’indigner depuis hier. Un parti d’opposition connu pour son allégeance manifeste aussi sa colère pour avoir été écarté et appelle à l’intégration de toutes les sensibilités et notamment les islamistes.
Les leaders des trois partis d’opposition sont allés rencontrer le Premier ministre dans le but de rendre acquises les acquis demandés et peser davantage face aux anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti au pouvoir.