Tunisie : Ben Ali rattrapé par la justice


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Le procureur du tribunal de Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, a requis mercredi la peine capitale pour l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. Jugé par contumace, il est accusé de complicité d’homicides involontaires dans la répression en janvier 2011, lors du soulèvement populaire.

Zine El Abidine Ben Ali qui se trouve actuellement en Arabie Saoudite n’a pas échappé à la justice. Le président tunisien déchu a été jugé mercredi par contumace par le tribunal militaire de Kef, dans le nord-ouest du pays. Le procureur a requis la peine capitale à son encontre pour complicité d’homicides involontaires dans la répression en janvier 2011, lors du soulèvement populaire.

Le procureur a également requis « les sanctions les plus sévères possibles » pour ses 22 co-accusés, anciens hauts responsables du régime, poursuivis pour la mort d’au moins 22 personnes à Thala et Kasserine (centre-ouest). Aucun de ces prévenus n’a reconnu avoir donné l’ordre de tirer sur les manifestants au cours de ce procès entamé en novembre 2011, renvoyant la responsabilité au ministère de l’Intérieur sans pour autant dénoncer qui que ce soit. Parmi eux figurent les ex-ministres de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem et Ahmed Friaâ, ainsi que l’ancien directeur général de la sûreté Adel Tiouiri et l’ex-chef des brigades spéciales, Jalel Boudriga.

Des réquisitions incomprises

Les réquisitions du procureur à l’encontre de l’ex-dirigeant en ont étonné plus d’un, y compris chez les familles des victimes. « Ben Ali n’est pas l’acteur principal de ces homicides, il est poursuivi pour complicité et pourtant le procureur requiert contre lui une peine plus importante que contre ceux qui sont poursuivis pour homicides », a déclaré à l’AFP Abderraouf Ayadi, défenseur d’une des familles des victimes. « Je pense que la justice essaye de trouver un compromis avec les familles des martyrs plutôt que de faire un procès équitable, il n’y a pas de volonté de connaître les véritables responsables », a-t-il déploré. Pour Othman Oueslati, avocat d’un des prévenus, « ce procès ne tient pas sur le fond et la forme ». Selon lui, son client n’a « jamais reçu des instructions de Ben Ali pour tuer ».

Condamné à 66 ans de prison par la justice civile

Ben Ali avait déjà été condamné par la justice civile à 66 ans de prison pour abus de drogue et détournement de biens publics. Mais c’est la première fois que le tribunal militaire requiert la peine capitale à son encontre. L’ancien Premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui dirigeait le gouvernement après la chute du régime tunisien, avait témoigné en janvier dernier devant le tribunal de Kef et mis en cause le président déchu. Il avait assuré avoir appelé Ben Ali le 9 janvier pour lui demander de faire cesser les tirs à balles réelles contre les manifestants à Kasserine. L’ex chef d’Etat aurait alors justifié l’usage des armes comme de la « légitime défense ».

Les autorités saoudiennes sont, quant à elles, restées muettes concernant la demande d’extradition de Ben Ali formulée par Tunis et la Cour pénale internationale (CPI). En effet, l’ancien dirigeant et son épouse, Leila Trabelsi, font l’objet d’un mandat d’arrêt international.

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