L’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) fait sa révolution. Elle a fait appel de la décision du tribunal de première instance de Tunis qui l’avait sommée le 26 mai de fermer tous les sites à caractère pornographique. Son PDG, Moez Chakchouk, a déclaré mardi qu’il ne désirait plus « filtrer les pages web » et cautionner la « censure » sur le net. Les autorités tunisiennes ont ordonné la censure des sites X suite à la plainte déposée par trois avocats au motif que ces derniers représentent un danger pour la jeunesse et sont contraires aux valeurs de l’Islam.
C’est un bras de fer judiciaire entre les autorités de la transition tunisienne et l’Agence Tunisienne d‘Internet (ATI) qui démarre. Le PDG d’ATI, Moez Chakchouk, a déclaré mardi lors d’une conférence de presse qu’il a fait appel de la décision du 26 mai du tribunal de première instance de Tunis de fermer tous les sites à caractère pornographique, filtrés sous le régime de Ben Ali, pour protéger les jeunes et préserver les valeurs de l’Islam. Sept pages classées X sont apparues sur la liste des 100 sites les plus visités par les Tunisiens depuis la levée de la censure sur le net en janvier. Le fournisseur d’accès a indiqué qu’il a fait appel de cette décision et est prêt à« aller en cassation s’il le faut ». Le directeur affirme qu’il n’a pas reçu de convocation du tribunal pour défendre les intérêts de l’agence.
L’ATI ne veut plus être un organe de censure
La décision du tribunal de Tunis a rappelé de vieux démons aux Tunisiens, qui craignent le retour d’Ammar 404, le Big brother local. Début mai, quelques sites et profils facebook ont été filtrés par l’ATI à la demande du tribunal militaire de Tunis. Trois des profils ont été bloqués pour diffamation à l’encontre de l’institution, rapporte le quotidien La presse.tn. L’agence, qui est rattachée au Ministère des Technologies de la Communication, a dit ne plus vouloir être un organe de censure. Moez Chakchouk a affirmé qu’il ne « ne veut plus filtrer les pages web » et « avoir des équipements de censure » chez lui.
Le directeur de l’ATI a expliqué que, sous Ben Ali, la censure s’effectuait « d’une manière illégale et non transparente », précisant que « l’ex-président signait personnellement les documents commandant le blocage de certains sites en particulier ». L’ancien dirigeant tunisien a censuré à plusieurs reprises le réseau social facebook qui a joué un rôle majeur dans sa propre chute le 14 janvier. L’accès aux sites internet et aux blogs dont le contenu ne convenait pas au pouvoir en place, comme Afrik.com étaient systématiquement bloqués. Moez Chakchouk a défendu son agence en affirmant que ses ingénieurs et techniciens « n’ont jamais participé au blocage des sites Internet ». D’autres « hors de l’agence », a-t-il dit sans plus de détails, s’en chargeaient en contrôlant à distance les équipements de l’agence réservés à cette tâche.
A l’heure de la révolution, les Tunisiens ont plus que jamais soif de liberté d’expression.