La police a violemment dispersé jeudi une manifestation à Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne. Les protestataires, qui dénoncent la lenteur des réformes promises pour améliorer leurs conditions de vie, réclament la démission du gouvernement.
Sidi Bouzid est de nouveau en colère. Les forces de l’ordre ont fait usage de balles en caoutchouc et gaz lacrymogène pour disperser une manifestation ce jeudi. Plusieurs formations de partis d’opposition, notamment le parti républicain, le parti des Travailleurs tunisiens, Al-Watan (la nation), y ont participé. Les protestataires réclament la démission du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda. Ils estiment qu’il n’a pas tenu sa promesse pour l’amélioration de leurs conditions de vies.
« Le peuple veut la chute de régime», « le peuple veut la chute du gouvernement», « non à l’hypocrisie, le travail est un droit », ont scandé les manifestants, rapporte l’AFP. Selon Mohamed Ghadri, membre du parti républicain, « les revendications du peuple relatives à l’amélioration de sa situation sociale deviennent de plus en plus insistantes mais malheureusement le gouvernement n’est pas au service de ce peuple ».
Un gouvernement de plus en plus contesté
Les tensions se sont multipliées ces derniers temps à Sidi Bouzid. La ville, située dans le centre du pays, est le berceau de la révolution qui a conduit à la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, à la suite de l’immolation du vendeur ambulant, Mouhamed Bouazizi. Le 26 juillet dernier, la police y était de nouveau descendue pour mettre un terme à une manifestation d’ouvriers qui réclamaient le paiement de leurs salaires. La ville, qui se trouve dans une région très pauvre du pays, était marginalisée sous l’ancien régime. Mais plus d’un an après le soulèvement, la situation n’a guère changé. Les habitants vivent toujours dans la précarité. Le taux de chômage y est très élevé.
Pour les habitants de Sidi Bouzid, le gouvernement est le principal responsable de cette situation car il n’a pas respecté ses engagements. Ils sont loin d’être les seuls à le contester. Il est également de plus en plus critiqué par la société civile, l’opposition et les ONG, qui l’accusent d’une dérive autoritaire et islamiste. Ennahda a prévu un projet de loi qui punirait de deux ans de prison toute personne portant atteinte au sacré. Une mesure vivement critiquée par les ONG qui l’accusent de s’attaquer à la liberté d’expression. Elles pointent également du doigt un projet d’article de la Constitution évoquant la complémentarité et non l’égalité homme-femme. En guise de riposte, l’opposition a prévu de manifester le 13 août pour célébrer l’anniversaire du Code de statut personnel de 1956 qui a instauré l’égalité juridique des sexes.
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