Après plus de trois ans de batailles juridiques, l’Algérie récupère enfin son fameux masque de Gorgone volé en 1996 et retrouvé en 2011 en Tunisie, dans la demeure du gendre du président déchu Zine el-Abidine ben Ali.
Chose promise, chose due. La Tunisie a restitué, comme elle l’avait promis en février, le fameux masque de Gorgone volé en Algérie en 1996, en pleine guerre civile. Il avait été retrouvé en 2011 en Tunisie, dans la maison du gendre du président déchu Zine el-Abidine ben Ali. Mais ce n’est qu’après trois ans d’intenses batailles juridiques que les autorités algériennes réceptionnent ce précieux trésor pesant plus de 300 kg. Le ministre algérien de la Culture devait se rendre à Tunis le 6 avril pour le récupérer, rapporte RFI.
Les Ben Ali se font la malle
Dans la mythologie grecque, les Gorgones sont des créatures fantastiques d’une laideur telle que quiconque ose regarder leur visage meurt pétrifié. Le masque de Gorgone volé en Algérie ornait une fontaine sur le site de la ville antique d’Hippone, à Annaba, dans le nord-est algérien. Cette pièce de grande valeur avait été mise à jour en 1930 par l’archéologue français Pierre Choupaut.
Pendant 15 ans, personne ne saura où se trouve le masque de Gorgone volé à Annaba jusqu’au début 2011, durant ces jours de « printemps arabe », où des opposants au régime déchu tunisien investissent les résidences de l’ex-président et de son entourage. Il se trouvait là, au beau milieu du jardin de la gigantesque villa du gendre de Ben Ali, Mohamed Sakhr el Matari. Ce n’est pas tout. De nombreuses pièces archéologiques de très grandes valeurs ornent la villa d’el Matari, du salon jusque dans la cuisine.
Tunis envoûtée par le masque de Gorgone
Mais personne ne parle encore de la Gorgone d’Hippone. Ce n’est qu’en mai 2012 que l’objet est identifié par des experts algériens dépêchés en Tunisie. Le masque était toutefois détenu comme pièce à conviction dans le procès intenté par contumace à el Matari pour « trafic de pièces archéologiques, transfert illégal de biens protégés et possession de pièces archéologiques non déclarées ». L’affaire a été jugée mais le masque n’a pas été rendu. Hors de question pour l’Algérie de renoncer à son bien, surtout lorsque le pays apprend que le masque de Gorgone est exposé, en 2013, aux côtés d’autres biens saisis chez les Ben Ali.
Après maintes discussions et un coup de tension, Tunis finit par s’engager, lors de la 19e session de la grande Commission mixte algéro-tunisienne, le 8 février dernier, à rendre à Alger l’historique masque de Gorgone.