
Le Nigeria est confronté à une vague de violences meurtrières, marquée récemment par une série d’attaques ayant fait au moins 56 morts dans l’État central de Benue. Les massacres ont eu lieu dans les zones gouvernementales locales de Logo et Ukum, dans la nuit du 17 au 18 avril 2025. Aucune organisation n’a encore revendiqué ces tueries, mais les autorités soupçonnent l’implication de milices d’éleveurs armés.
Au Nigeria, le gouverneur de l’État, Hyacinth Alia, a dénoncé une stratégie délibérée visant à perturber les activités agricoles à l’approche de la saison des pluies, suite à une barbarie ayant coûté la vie à 56 personnes. Cette violence n’est pas un phénomène nouveau dans la région. Le député local Solomon Wombo a exprimé son incompréhension face à la persistance de ces attaques, malgré une présence militaire vieille d’une douzaine d’années.
L’inaction des autorités étatiques critiquées
Le Sankera Forum, une organisation de la société civile, critique également l’inaction des autorités étatiques, accusées de ne pas s’investir suffisamment dans la prévention des conflits agro-pastoraux. Ces affrontements, à l’origine de faible intensité, dégénèrent en véritables massacres du fait du manque d’implication des pouvoirs publics dans des initiatives locales de paix.
Parallèlement, une autre tragédie s’est produite dans l’État voisin du Plateau. Le 13 avril, lors du Dimanche des Rameaux, 43 fidèles chrétiens ont été massacrés à Kimakpa, dans la région de Bassa, lors d’une attaque attribuée à des extrémistes peuls. Des maisons ont été incendiées, des habitants piégés à l’intérieur, et de nombreuses victimes – femmes, enfants, personnes âgées – ont été tuées de manière atroce. Cet acte s’inscrit dans une longue série d’attaques ciblées contre les communautés chrétiennes, notamment pendant les fêtes religieuses.
Un jeune séminariste tué lors d’une attaque contre l’église St Peter
L’organisation Portes Ouvertes indique qu’au moins 62 chrétiens ont été tués dans l’État de Plateau depuis la fin mars. La région est depuis longtemps le théâtre de conflits intercommunautaires entre pasteurs nomades peuls et agriculteurs sédentaires, souvent chrétiens. Ces affrontements, exacerbés par les tensions foncières, le changement climatique et la rareté des ressources naturelles, prennent souvent une tournure religieuse. Le pasteur Ayuba Matawal déplore la destruction de plus de 200 maisons et le déplacement de plus de 3 000 personnes.
L’insécurité touche aussi les membres du clergé. Le 3 mars, le jeune séminariste Andrew Peter a été enlevé avec un prêtre lors d’une attaque contre l’église St Peter dans l’État d’Edo. Si le prêtre a été libéré, Andrew a été retrouvé mort. Ce drame s’ajoute à une série d’enlèvements et d’assassinats visant les religieux. L’Église catholique dénonce un climat d’impunité dans l’État d’Edo et exhorte les autorités à renforcer la sécurité.
Attaque meurtrière contre deux bases militaires
Enfin, dans l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, Boko Haram a mené une attaque meurtrière contre deux bases militaires à Wajirko et Wulgo le 25 mars 2025. Le dernier bilan fait état de 16 soldats tués. L’armée a lancé des représailles, tuant plusieurs combattants de Boko Haram. Ce groupe terroriste, actif depuis 2009, est responsable de milliers de morts et du déplacement de centaines de milliers de personnes au Nigeria et dans les pays voisins (Cameroun, Tchad, Niger).
Le Nigeria fait ainsi face à une insécurité généralisée, marquée par la multiplication des tueries, des attaques ciblées contre les communautés religieuses et les forces armées, ainsi qu’un climat de peur omniprésent. La société civile et les leaders religieux appellent à des mesures urgentes pour endiguer cette spirale de violence et protéger les populations.