Jo-Wilfried Tsonga, encensé depuis sa victoire expéditive sur Raphaël Nadal, a longtemps été handicapé par des blessures avant de pouvoir donner la pleine mesure de son tennis dans le circuit professionnel. Le tennisman français et Novak Djokovic, deux des personnalités les plus attachantes du tennis mondial, s’affrontent ce dimanche, à Melbourne, en finale de l’Open d’Australie.
C’est sa chance. Jo-Wilfried Tsonga affronte dimanche Novak Djokovic en finale de l’Open de tennis d’Australie. « Chance » ne signifie pas que le jeune tennisman français n’aurait pas dû se hisser en finale d’un tournoi du Grand Chelem, ni qu’il ne pourra rééditer ce parcours à l’avenir. Tous les spécialistes du tennis s’accordent sur le fait qu’il est à sa place en finale. Mats Wilander, Yannick Noah, Jim Courier ou Richard Gasquet ont tous été dithyrambiques après sa victoire, jeudi, en demi-finale du tournoi, face à Raphaël Nadal. « Aujourd’hui, Jo a a littéralement fait des trous dans le court ! Il a marché sur l’eau », a osé son compatriote Nicolas Escudé.
« Je jouais bien, mais pas assez pour battre Tsonga ce soir, a admis le numéro 2 mondial, après avoir été balayé par le colosse. J’ai tout essayé, de jouer plus vite, de jouer à l’intérieur du court, mais cela n’a servi à rien. Il est dans le meilleur moment de sa carrière. » « Je crois qu’aujourd’hui, il n’y a pas grand monde qui aurait pu m’arrêter », a confirmé le jeune homme, représenté sous les traits de Mohamed Ali terrassant Sonny Liston, un soir de mai 1965, par le quotidien sportif français L’Equipe. Se sentir si fort contre le meilleur défenseur du circuit, un joueur capable de faire craquer et pleurer de rage n’importe quel adversaire en ramenant sans relâche ses coups les plus audacieux, n’est effectivement pas rien.
Fini la galère
Alors pourquoi parler de chance ? Parce que depuis qu’il est passé professionnel en 2004, « Jo » n’a pratiquement jamais eu la possibilité de faire admirer dans la durée sa technique et son incroyable physique – 1,88 m pour 90 Kg, lorsque Djokovic, 2 cm plus grand, pèse 75 Kg et Federer, pour 1,87 m, en pèse 80. Le Manceau était pourtant connu des techniciens français comme l’un des espoirs du tennis mondial, après avoir débuté dans sa commune de Fay, dans la Sarthe, là où son père, un ancien international de handball congolais, a rencontré Mme Tsonga.
Champion de France des 13-14 ans en 1999 avec le Pôle Espoir de Poitiers, il quitte sa région l’année suivante pour l’INSEP, en banlieue parisienne, avant d’intégrer le Centre national d’entraînement de Roland Garros. Mais il est bloqué dans son ascension chez les pros, en 2003, à une époque où il disputait la 1ère place du classement ATP Junior au Chypriote Marcos Baghdatis. La faute à des problèmes de santé récurrents au dos, entre hernie discale et épaules défaillantes. Ses classements ATP en disent long sur ce parcours décousu : 2004 : 163e, 2005 : 338e, 2006 : 212e et 2007 : 43e. Depuis un an, Tsonga a pu travailler dans la durée et a réalisé un beau parcours à Wimbledon, où il a été battu en huitièmes de finale par son pote Richard Gasquet, après être sorti des qualifications, et à l’US open, où il est arrivé en seizièmes.
« Comme un joueur de foot quand il marque un penalty »
Après ces années de galère, Tsonga a grandi, et plus vite que les autres. « J’ai appris beaucoup de choses, au cours des années passées, à cause de mes blessures. J’ai une réflexion là-dessus. Je ne suis pas un robot. J’essaie de profiter du moment, de me laisser aller… Comme un joueur de foot quand il marque un penalty », expliquait le nouveau chouchou du public australien avant de battre le russe Mikhaïl Youzhny en huitièmes de finale.
Jusqu’ici, « Jo » n’a pas tremblé et ne semble pas connaître la fameuse peur de gagner française. Même s’il admet volontiers avoir voulu se pincer sur sa balle de match contre Nadal. Espérons qu’il gardera ce mental contre Djokovic. Entre le fantasque tennisman serbe et le showman français, qui dit vouloir « partager avec tout le monde [sa] joie », les deux finalistes ont en tout cas la mentalité pour donner un formidable spectacle dans et hors du cours au public de la Rod Laver Arena de Melbourne.
Tsonga-Djokovic, dimanche, à partir de 9h30 (GMT +1h, Paris)
Diffusion France : Eurosport, France 3
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