L’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech (Esav) décentralise son concours dans sept villes africaines. Par cette première expérience, l’établissement marocain espère notamment faciliter la participation des Africains subsahariens pour, à la longue, participer au développement et à la professionnalisation du cinéma du continent. Précisions de Brigitte Aknin, responsable des relations extérieures de l’Esav.
Pour la première fois, l’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech (Esav) n’organise pas son concours que dans la ville rouge. Cette année, la compétition – également pour la première fois ouverte à tous les bacheliers francophones du monde – se déroule en plus à Paris et dans sept villes d’Afrique francophone : Alger, Douala, Bamako, Dakar, Tananarive, Kinshasa et Lomé. L’objectif de cette décentralisation est de mieux repérer les élèves qui pourraient professionnaliser et faire avancer le cinéma africain. Pour participer aux épreuves, les candidats doivent s’inscrire sur le site Internet de l’école avant le 30 juin 2008 pour ceux qui passeront le concours à Paris et à Marrakech, et avant le 21 juillet pour ceux qui y participeront dans l’une des sept villes relais. Brigitte Aknin, responsable des relations extérieures de l’Esav, revient sur cette nouvelle aventure.
Afrik.com : Pourquoi avoir décentralisé le concours de l’Esav ?
Brigitte Aknin : Nous avions besoin de relais pour faire passer ce concours d’excellence. L’objectif est de sélectionner plus d’Africains subsahariens de talent et de les informer qu’une telle école existe. Que suivre une formation est possible. Nous sommes passés par Culture France (rattachée au ministère des Affaires Etrangères, ndlr) qui a demandé à l’ensemble des centres culturels français d’Afrique francophone s’ils voulaient accueillir les élèves pour leur faire passer les examens. Les sept villes avec lesquelles nous travaillons aujourd’hui ont répondu favorablement.
Afrik.com : Comment se passait avant le concours pour les Africains subsahariens ?
Brigitte Aknin : Les Africains subsahariens ne pouvaient pas venir à Marrakech alors ils passaient les épreuves écrites de là où ils étaient et nous envoyaient le dossier par e-mail. Ensuite, il y avait un entretien téléphonique. Mais, au final, c’était un concours « au rabais », vraiment différent de celui de Marrakech.
Afrik.com : Y a-t-il beaucoup d’Africains subsahariens dans l’école ?
Brigitte Aknin : Non. Actuellement nous en avons deux sur 50, dont 48 Maghrébins. A chaque promotion il y a toujours au moins un Africain qui réussit brillamment le concours, sur une quinzaine qui postule.
Afrik.com : Espérez-vous à terme professionnaliser les métiers du cinéma en Afrique ?
Brigitte Aknin : Nous voulons tirer vers le haut le professionnalisme. Au Maroc, il y a 400 tournages par an et seulement quatre chefs opérateurs pour tout le pays. Ce qui veut dire que n’importe quelle production qui vient ici amène avec elle toute son équipe. Et c’est pareil en Afrique (noire, ndlr). C’est pourquoi la formation est très importante.
Afrik.com : Il y a donc une pénurie importante de professionnels du cinéma…
Brigitte Aknin : Oui ! Rien qu’au niveau de notre école il y en a une. On aimerait avoir des professeurs africains, algériens, marocains… Mais ce n’est pas le cas parce que le peu de professionnels qu’il y a dans le pays travaillent et ne peuvent donc pas donner des cours.
Afrik.com : Comment résumeriez-vous la situation du cinéma au Maroc ?
Brigitte Aknin : Je dirais qu’il est très difficile de faire de la production cinématographique quand il n’y a pas de volonté politique. Mais, au Maroc, cette volonté existe depuis quelques années. Le directeur du Centre du cinéma a envie que les choses bougent et, petit à petit, elles bougent. En Afrique Sub-saharienne, en revanche, toutes les salles ferment parce que l’Etat les a vendues à des privés et ne se sentent plus obligés de s’en occuper.
Afrik.com : Selon vous, quelles conséquences pourrait-il y avoir à ne pas développer les arts visuels ?
Brigitte Aknin : A l’école, nous avons comme proverbe : un pays qui ne produit pas ses images est un pays qui n’existe pas. Ne pas considérer le cinéma, et les arts visuels en général, est grave sur le plan artistique, culturel, mais aussi sur le plan politique et économique : le cinéma et les arts visuels sont un véritable enjeu car ils sont une véritable industrie. Ce secteur emploie : il n’y a qu’à voir tous les métiers du cinéma, mais aussi de l’audio-visuel, de la publicité…
Afrik.com : Quelles qualités attendez-vous des candidats ?
Brigitte Aknin : Nous voulons repérer les gens qui ont un réel potentiel d’envie et de talent. C’est vraiment ce qui est important. Nous ne cherchons pas d’élèves qui veulent faire une école de cinéma par caprice.
Les concours d’entrée se dérouleront :
A Paris les 21, 22, 23 et 24 juillet à l’Institut du Monde Arabe (I.M.A)
A Marrakech les 14, 15, 16 et 17 juillet
Et dans sept villes africaines les 8, 9, 10 et 11 septembre
Visiter le site de l’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech