Une boutade de l’ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo, a le vent en poupe en raison des derniers événements qui agitent l’actualité politique ivoirienne.
« Vous me combattez pour quelqu’un que vous ne connaissez pas véritablement. Vous allez me regretter un jour. Vous êtes sur le mauvais chemin. Les plus chanceux d’entre vous seront jetés en prison et les plus malchanceux seront tués ou en exil », avait déclaré Laurent Gbagbo à l’attention de Guillaume Soro et autres, qui s’étaient ligués contre lui à l’époque.
Aujourd’hui, avec le recul et une observation attentive du déroulement des faits, les troublantes morts des proches collaborateurs d’Alassane Ouattara, on est amené, comme d’ailleurs les Ivoiriens eux-mêmes, à se poser des questions. Tenez, Amadou Gon Coulibaly, devenu Premier ministre le 10 janvier 2017, meurt subitement en plein conseil des ministres, le 8 juillet 2020, quelques jours seulement après son retour des soins en France. Il était le candidat désigné par Ouattara pour prendre sa succession à la tête de l’État ivoirien. Une mort qui continue d’intriguer les Ivoiriens qui en étaient là lorsque la nouvelle du décès de son remplaçant à la Primature tombe, le mercredi 10 mars 2020, soit huit mois deux jours plus tard.
Le très célèbre Hamed Bakayoko, promu Premier ministre le 30 juillet 2020, est évacué en France le 18 février 2021. Le gouvernement ivoirien entretient une opacité totale sur les motifs réels de cette évacuation subite, laissant libre cours à toutes sortes de supputations. La thèse de l’empoisonnement du Premier ministre se distille partout à Abidjan. On entend également parler d’un cancer. Finalement, Hamed Bakayoko ne retournera pas vivant sur la terre des ses ancêtres. Il a succombé. La question sur les causes réelles de sa mort reste entière, même si officiellement, il a été emporté par un cancer. A-t-il effectivement été victime d’un empoisonnement ? Par qui ? Et pour quelle raison ? Une guerre de succession comme l’a souligné, depuis le début, le très informé Chris Yapi ?
Deux jours avant le décès de Hamed Bakayoko, Alassane Ouattara a nommé à sa place, à titre intérimaire, son frère, Téné Birahima au ministère de la Défense, et le ministre d’État, secrétaire général de la Présidence, Patrick Achi, à la Primature. Ce dernier serait subitement tombé malade et hospitalisé le lendemain de sa nomination au point où le premier conseil des ministres, qui devait avoir lui après sa nomination, a dû être reporté. Là encore, le gouvernement reste muet. Et c’est encore par le truchement de Chris Yapi que l’information a été portée à la connaissance des Ivoiriens. Mieux, poussant loin ses investigations sur les raisons du malaise de Patrick Achi, Chris Yapi apprend que le nouveau Premier ministre a en réalité développé une réaction allergique à sa vaccination contre le Covid-19.
La vague des décès au plus haut niveau de l’Etat a été ouverte par le président du Conseil économique et social. En effet, le 7 août 2019, Charles Koffi Diby est décédé, laissant son poste vacant jusqu’à ce jour. Le président du Sénat, Jeannot Ahoussou-Kouadio, éphémère Premier ministre d’Alassane Ouattara, est, lui, malade depuis plusieurs semaines et officiellement hospitalisé en France, en Allemagne selon d’autres sources.
Besoin est-il de citer des noms comme Ibrahim Coulibaly alias IB, tué en 2011, Issiaka Coulibaly dit Wattao, mort du diabète le 5 janvier 2020, après être tombé en disgrâce auprès de celui qu’il a contribué à porter au pouvoir, Alassane Ouattara ?
En tout cas ce qui se passe en Côte d’Ivoire est inédit. De façon directe ou mystérieuse, beaucoup de proches d’Alassane Ouattara tombent, ce qui ramène à la mémoire des Ivoiriens les propos de Laurent Gbagbo que ces mêmes personnes avaient farouchement combattu, il y a quelques années.