
À moins de six mois de la présidentielle ivoirienne de 2025, Laurent Gbagbo lance un nouveau mouvement citoyen : « Trop c’est trop ». Un cri de protestation contre les injustices sociales et politiques qui rongent la Côte d’Ivoire, visant à donner une voix aux Ivoiriens en colère.
À six mois de la présidentielle d’octobre 2025, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo choisit de frapper fort. Samedi 26 avril, à Abidjan, lors d’une réunion du Comité central de son parti, le PPA-CI, il a annoncé la création d’un nouveau mouvement baptisé « Trop c’est trop ». Une initiative citoyenne destinée à canaliser le mécontentement populaire face aux injustices sociales et politiques que traverse la Côte d’Ivoire.
Un cri de colère contre les injustices sociales
Laurent Gbagbo, empêché de se présenter à la prochaine élection en raison de sa condamnation judiciaire, veut donner une voix aux Ivoiriens en colère. « Trop c’est trop » se veut apolitique et rassembleur. Le mouvement est présenté comme un espace d’expression pour tous ceux qui se sentent lésés : expropriations de terres, chômage massif des jeunes diplômés, destruction de biens, frustrations diverses. Pour l’ancien chef d’État, il ne s’agit pas d’une simple posture électoraliste, mais d’un véritable appel à la protestation multiforme contre les maux qui gangrènent la société ivoirienne.
Pour matérialiser cette ambition, Gbagbo a confié la mise en œuvre du mouvement à Sébastien Danon Djédjé, président exécutif du PPA-CI. « Danon, je te demande de faire en sorte que « Trop c’est trop » apparaisse », a-t-il lancé devant ses partisans. Ce dernier devra structurer ce nouvel espace citoyen dans les prochaines semaines, alors que le climat politique s’échauffe à l’approche de l’élection présidentielle. L’objectif affiché est clair : fédérer tous ceux qui ressentent le besoin de protester, sans distinction d’appartenance partisane.
En #CIV, Laurent Gbagbo a lancé la campagne « Trop c’est trop » pour dénoncer la pauvreté et la crise du coût de la vie dans le pays, malgré son inéligibilité à la présidentielle. Soutenue par son Parti du peuple africain (#PPA), l’initiative vise à unir les opprimés et à faire… pic.twitter.com/rRUaIUWVle
— #AFRICA24 (@AFRICA24TV) April 28, 2025
Une stratégie politique dans un contexte tendu
La naissance de « Trop c’est trop » intervient dans un contexte marqué par de fortes tensions politiques. Malgré une croissance économique soutenue depuis une décennie, les inégalités sociales et l’inflation continuent d’alimenter un fort sentiment d’injustice au sein de la population. La radiation de Gbagbo de la liste électorale, tout comme celle de Tidjane Thiam, leader du PDCI, attise également les critiques contre la transparence du processus électoral.
Dans ce climat électrique, Gbagbo ne cache pas son intention d’accentuer la pression sur le pouvoir. Il a prévenu : « On prendra les rues un jour, mais ce n’est pas quand ton adversaire t’attend dans la rue que tu vas le trouver ». En attendant, son parti réclame un audit de la liste électorale, la création d’un nouvel organe électoral consensuel et la réintégration de son leader sur la liste électorale, avant la publication prévue pour le 20 juin 2025.
Un combat qui dépasse les enjeux électoraux
Au-delà de la bataille pour sa propre candidature, Gbagbo inscrit son action dans une vision plus large : défendre la diversité des pensées politiques en Côte d’Ivoire. « Nous ne laisserons pas le PDCI mourir », a-t-il affirmé, soulignant l’importance de maintenir en vie toutes les expressions politiques du pays. Pour l’ancien président, la politique n’est pas un marché de dupes, mais un engagement fondé sur des convictions durables.
Avec « Trop c’est trop », Laurent Gbagbo semble vouloir raviver l’esprit de contestation populaire, mobiliser au-delà de ses seuls partisans, et s’inscrire en véritable porte-voix des exclus et des oubliés du système ivoirien. Reste à voir si ce mouvement trouvera un écho retentissant dans les mois à venir, à l’approche d’une échéance électorale qui s’annonce décisive.