Cinq jours après le tremblement de terre qui a frappé mercredi soir l’est d’Alger, le dernier bilan officiel fait état de 2 162 morts et 8 965 blessés. La solidarité nationale s’organise alors que les autorités publiques éprouvent les plus grandes difficultés à planifier les secours.
Ce qui ne manque pas de provoquer la colère des victimes du séisme, tiraillés entre le deuil de leurs proches, la recherche d’un toit, la lutte contre les pillards et la nécessité de se prémunir contre les épidémies. La presse nationale s’est abondamment fait l’écho de la situation. Revue de presse.
L’armée et la solidarité
« Les Algériens font face d’une façon extraordinaire aux conséquences du violent séisme qui a frappé, mercredi dernier, les deux wilayas du centre du pays, Boumerdès et Alger. « On ne peut pas être indifférent devant l’ampleur des dégâts. Ne sommes-nous pas des frères ? », affirme un employé de l’Ecole supérieure des Beaux-arts d’Alger. Il arrange les vivres que des citoyens lui donnent pour les distribuer aux sinistrés de Boumerdès, Réghaïa, Thénia, Zemmouri… Enseignants, étudiants et travailleurs de cette école sont mobilisés pour ramasser un maximum de dons et les acheminer vers les régions touchées par le tremblement de terre. Sept véhicules sont mis à leur disposition : « Deux véhicules appartiennent à l’école et cinq autres à des particuliers », explique cet employé. D’où viennent ces dons ? « Des simples citoyens aux responsables d’entreprises privées », rapporte-t-il. Où vont-ils exactement ? « Nous préférons aller vers les régions les plus enclavées, là où les aides tardent à arriver ou arrivent difficilemen « , ajoute-t-il – El Watan
« Dans de nombreuses localités de la wilaya de Boumerdès, la population et les unités de l’Armée nationale populaire (ANP) ont encore affronté seules, dimanche, la gestion de la catastrophe humanitaire causée par le séisme (…) Excepté les tentes fournies par l’armée et les vivres acheminés grâce à la chaîne de solidarité créée par des citoyens bénévoles et des entreprises privées, la population de la wilaya sinistrée s’occupe de tout. Le constat vaut autant pour l’organisation des secours que la conduite des opérations de recherches. Dépassés par l’ampleur de la catastrophe, les rares éléments de la protection à se trouver au centre-ville de Zemmouri, complètement dévasté, sont noyés dans les incessantes déferlantes humaines venant des wilayas limitrophes pour prêter secours et assistance. Durant toute la journée, les convois remplis de vivres n’ont pas arrêté d’affluer vers la wilaya endeuillée. Certaines localités comme Sidi Daoud n’avaient, jusqu’à hier, reçu la visite d’aucun officiel. Sollicité sur tous les tableaux, l’ANP a augmenté dimanche ses effectifs en passant de 6 000 à 10 000 hommes pour assurer la sécurité et prendre en charge les secours et les recherches. Pratiquement seule force organisée sur le terrain, l’armée a déjà distribué 600 tentes et prévoit d’en installer 2 600 autres lundi. Elle assure également le ravitaillement en eau potable, avec 50 citernes et 10 camions-citernes d’une contenance de 14 000 litres » – Le Quotidien d’Oran
Colère contre les autorités et les pillards
« Dans l’après-midi d’hier, des dizaines de jeunes sinistrés, habitant les zones affectées par le séisme et souffrant du manque flagrant en tentes et en vivres, ont pris d’assaut le siège de la Protection civile de Boumerdès. En effet, la colère est montée d’un cran au sein de cette population où l’on dénombre 10 000 sinistrés, alors que le nombre de tentes distribuées par les services concernés est de 1 700. Selon des informations recueillies, on apprend que plusieurs tentes ont été subtilisées. Par ailleurs, les sinistrés de Boumerdès ont dressé leurs propres tentes de fortune à l’aide de draps et autres moyens d’habillement. Lors d’une tournée effectuée par nos soins, des citoyens frustrés nous ont déclarés : » Nous en avons ras-le-bol d’attendre l’arrivée des tentes alors qu’on est au cinquième jours dehors livrés à nous-mêmes. » – Liberté
« Nous en avons tué un hier soir. Battu à mort », lance sans ambages un sinistré de la cité des 1 200 Logements, à Boumerdès, gourdin à la main, rencontré la nuit du samedi 24 mai. « Il faut exécuter sur-le-champ ces pillards qui ne respectent rien », renchérit son voisin. » Nous ne savons plus si on doit s’occuper de dégager les ensevelis ou à faire la chasse aux voleurs », indique un officier de la gendarmerie. Il vient juste de lancer ses hommes à la poursuite de trois pillards. Selon les gendarmes sur place, 150 arrestations ont été effectuées rien que dans la Cité des 1 200 Logements. Certains viennent de partout, même de loin et se font passer pour des volontaires. « L’un d’eux avait une chaîne en or qui pendait de sa poche alors qu’il faisait mine de déblayer les décombres. C’était un pillard », indique un sinistré. La nuit, au niveau des carrefours de la ville, des groupes de jeunes armés de gourdins veillent sur leurs maisons. « Si j’en attrape un, je le tue à coups de bâton. Ça me permettra de dégager ma colère », confie l’un d’eux. L’homme semble prêt à tout. – El Watan
« 18 personnes ont été condamnées hier à 5 ans de prison ferme et à des amendes de 10 000 à 20 000 dinars par les tribunaux de Boumerdès et de Bordj Menaïel pour avoir commis des actes de pillage et de vol sur les lieux du séisme ». – La Tribune
Risques d’épidémies
« Les dons en médicaments et en produits pharmaceutiques nécessaires pour les soins urgents affluent de partout vers les zones sinistrées. Mais les quantités sont insuffisantes en ce qui concerne la prise en charge des sinistrés atteints de maladies chroniques (diabète, asthme, hypertension), les autres ordonnances étant honorées à 80 %. Hormis cette carence, les médecins dépêchés sur les lieux du drame posent le problème de l’alimentation en énergie électrique, l’une des conditions nécessaires pour la conservation des médicaments. « Nous avons des frigos mais pas d’électricité. L’insuline, un produit vital pour les diabétiques insulinodépendants, ne peut pas être conservée dans ces conditions », soulignent les médecins de Zemmouri. La distribution des denrées alimentaires aux sinistrés par des particuliers risque d’engendrer ce genre de pathologies, de l’avis des médecins. » Croyant faire du bien, les citoyens offrent aux sinistrés des aliments à hauts risques avec ces grandes chaleurs tels que le fromage et le cachir. (…) Quant aux autres types de maladies qui commencent à se propager dans les zones sinistrées, on peut citer des cas de rhinopharyngite en majorité chez les enfants (…)
Mais pour l’heure, ce qui inquiète davantage le corps médical et paramédical au même titre que les rescapés, c’est la prolifération des bactéries en raison de la décomposition des cadavres. Ce qui présente en effet un risque élevé d’épidémies. Certains médecins craignent même le retour du choléra et la propagation de la typhoïde, deux maladies à transmission hydrique. Les odeurs nauséabondes qui commencent à se dégager n’arrangent pas les choses. Il y a aussi un problème de promiscuité avec notamment la quasi-inexistence des conditions d’hygiène dans les tentes d’autant que les camions-citernes sont pratiquement absents sur les lieux du sinistre. En somme, les médecins, sans être alarmistes, parlent déjà d’une catastrophe sanitaire dans les prochains jours surtout avec l’arrivée des premières chaleurs. « Il faut prendre les choses en main », exhortent-ils. – Le Matin
Pour venir en aide aux victimes du séisme
SOS Algérie est une opération d’urgence destinée à venir en aide aux victimes du séisme du 21 mai. Vous pouvez participer à ce réseau de solidarité qui propose des actions d’urgence pour aider les blessés et les sans-abris, notamment dans des régions isolées touchées par le séisme.
Envoyez un chèque, quel qu’en soit le montant, à l’ordre de SOS ALGERIE à l’adresse suivante : SoliMed Algérie 68, bd Soult, 75012 Paris – France. Un compte spécial sera ouvert dans les 48 h pour les virements bancaires. À Paris, les dons en nature sont à déposer auprès de l’association La Chorba pour tous, 170, rue de Crimée 75019 Paris.
Quels sont les besoins urgents ?
Matériel médical : kits d’urgence, fil chirurgical, coton chirurgical, pansements, compresses, bandages, antiseptiques, anti-inflammatoires, antalgiques.
Aide aux enfants : lait bébé 1er et 2ème âge, lait maternisé, farines, couches, biberons et tétines.
L’opération « SOS Algérie » : La collecte de fonds est organisée au profit de partenaires locaux qui possèdent des relais sur le terrain et mettent en place des réseaux bénévoles d’urgence : Caritas Algérie, Fondation Mahfoud Boucebci, Association universitaire de médecins Le Souk. Un appui va également être fourni à deux ONG : Médecins Sans Frontières et Médecins du Monde qui interviennent dans la zone touchée par le séisme.