Traque d’opposants : l’Europe très inquiète de la situation en RDC


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La communauté internationale ne cache plus son inquiétude vis-à-vis de la situation politique en République Démocratique du Congo. Les Etats-Unis mais également les pays européens tirent la sonnette d’alarme, alors que la répression se durcit tant à l’égard de l’opposition politique que des mouvements de citoyens issus de la société civile.

En RDC, ces derniers jours ont été marqués par une escalade des tensions sur le plan politique. Deux candidats déclarés à la Présidentielle font l’objet d’un « acharnement » de la part du pouvoir de Joseph Kabila : Moïse Katumbi, inculpé d’atteinte à la sureté de l’Etat et violenté à l’occasion de marches pacifiques, et Martin Fayulu, qui a vu son hôtel fermé et est sous le coup d’un redressement fiscal. Trois jeunes activistes, Bienvenu Matumo et Héritier Kapitene (membres de La Lucha), ainsi que Victor Tessongo (un militant UNC), ont eux été condamnés à un an de prison. En outre, un rassemblement à la mémoire des victimes de Béni a été violemment dispersé ce samedi 21 mai.

Face à cette situation, la communauté internationale ne cache plus son inquiétude. Les Etats-Unis ont exprimé leurs vives préoccupations. Tom Perriello, l’envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, a fait savoir que les Etats-Unis étaient en train de réexaminer les possibilités d’imposer des sanctions en réaction au climat de répression accentuée.Le patron de la MONUSCO, Maman Sidikou, s’est lui inquiété de « la multiplication des procédures judiciaires qui peuvent avoir pour effet de rétrécir l’espace politique » et « exacerber les tensions».

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L’Europe aussi monte au créneau. « Je suis profondément préoccupée par l’émission d’un mandat d’arrêt provisoire à l’encontre de Moïse Katumbi », a ainsi déclaré Danae Dholakia, l’envoyée spéciale du Royaume-Uni pour la région des Grands Lacs. Le ministre des Affaires étrangères Belge, Didier Reynders, a lui réitéré son appel au « maintien d’un espace politique ouvert » en RDC. Il s’est également montré inquiet face au retard pris dans le « démarrage des opérations concrètes pour l’organisation des élections présidentielle et législatives ». Les autorités françaises, quant à elles, très préoccupées également, réfléchissent à la meilleure posture à adopter face à un « risque patent d’escalade et à une burundisation de la situation », selon les mots d’un diplomate en poste à Kinshasa.

Les députés européens ne sont également pas en reste. L’élue italienne d’origine congolaise, Cécile Kyenge, a ainsi déclaré, il y a quelques jours que « les incidents survenus à Lubumbashi, visant à affaiblir le G7, n’augur(ai)ent rien de bon pour la démocratie et les libertés civiles en RDC ». Son groupe au Parlement européen, l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates, plaide pour des sanctions ciblées. La situation en RDC devrait être évoquée, ce lundi 23 mai 2016, par les ministres européens des Affaires étrangères à l’occasion de leur réunion mensuelle à Bruxelles.

Est-ce l’effet de possibles sanctions individuelles – une hypothèse de plus en plus évoquée au sein des milieux diplomatiques – mais même au sein de la Majorité parlementaire, ce raidissement du régime de Joseph Kabila ne fait pas l’unanimité. Patrick Muyaya, député national appartenant à la MP, a ainsi reconnu sur son compte twitter que « le harcèlement n’(était) pas compatible avec le Dialogue ». Un autre député, membre de la majorité, se montre lui décontenancé. « On s’accoquine avec la Corée du Nord ou l’extrême-droite belge. En attendant, la RDC est en passe d’être mis au banc des nations », peste-t-il. La RDC, futur « rogue state » ? Beaucoup à Kinshasa s’en inquiètent. Et, manifestement, pas uniquement dans l’opposition…

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