Les « cars Rapides » et les « Ndiaga Ndiaye » font partie du décor de Dakar en tant que moyens de transport en commun, à l’image de « Sotrama » à Bamako, « Tro Tro » à Accra, « gbaka » à Abidjan. Mais, comment le Sénégal est-il parvenu à conserver ces véhicules en circulation, pendant des décennies ? C’est la question que se posent de nombreux visiteurs dans la capitale sénégalaise. AFRIK.COM est allé à la rencontre d’un des plus grands tôliers du Sénégal. Il s’agit de Mbaye Sèye, qui redonne vie à ces voitures cinquantenaires, dans son garage situé à Petersen, dans le centre-ville.
Les « Ndiaga Ndiaye » sont de petits bus de transport public (des Mercedes type 508 des années 1978), qui circulent à longueur de journée dans les grandes artères de Dakar. La particularité de ces véhicules d’une autre époque est qu’elles sont aujourd’hui complètement restructurés au Sénégal, par des mécaniciens chevronnés. Dans son garage à Petersen où il emploie 8 personnes, Mbaye Sèye, qui est l’un des rares mécaniciens à préserver l’existence de ces voitures au pays de la Téranga, nous fait découvrir l’univers des « Ndiaga Ndiaye ». Pour la petite histoire, « Ndiaga Ndiaye » est le nom d’un transporteur sénégalais, qui a développé la conception la plus courante et possédait plus de 150 autobus.
« Ndiaga Ndiaye, était un transporteur pionnier au Sénégal, qui a développé la conception la plus courante du véhicule. Il en disposait beaucoup et avec le temps, les gens ont fini par donner son nom à la marque. Sinon, à la base, c’étaient des véhicules Mercedes. Maintenant, nous continuons de donner vie à ces voitures, ici au Sénégal. Nous faisons la tôlerie à la main, comme vous le voyez. C’est un travail d’équipe. J’ai dans mon garage 8 apprentis, qui m’aident dans les tâches, tout en suivant mes consignes. Après la tôlerie, nous installons le moteur type 508. Généralement, je facture l’assemblage entre 2 500 000 à 3 000 000FCFA », a confié Mbaye Sèye, sous le regard très attentif et admirateur de certains de ses employés.
Néanmoins, le secteur rencontre quelques difficultés, liées notamment à l’apprivoisement en matériaux, mais également à la position géographique de leur garage. En effet, le lieu de travail de Mbaye Sèye, à Petersen, est très étroit et contigüe aux arrêts de bus ou autres transports en commun, en plus du marché qui est à côté. « Nous manquons de beaucoup de choses, aujourd’hui. Déjà nous ne sommes pas bien installés. Vous voyez comment l’endroit est si étroit et tout ce monde autour. Nous demandons vraiment que l’État puisse nous aider dans ce sens et nous faciliter l’accès aux matériaux essentiels dont nous avons besoin, pour mener à bien notre travail », demande-t-il.
Élève dans un lycée de Dakar, Ousseynou Mbengue est apprenti-mécanicien à ses heures creuses. Il estime que la confection de « Ndiaga Ndiaye » est un métier noble. Il se réjouit d’ailleurs d’avoir un « père » mécanicien, qui lui apprend beaucoup de choses, depuis trois ans, dans son garage, pendant les vacances. « Je suis élève, en même temps apprenti dans ce garage, pour aider mon père », indique-t-il, le sourire aux lèvres. « Cela fait trois ans que je fréquente le garage et j’essaie d’apprendre le métier. J’alterne avec mes études, mais je ne viens généralement que pendant les vacances. C’est un métier noble, qui est très passionnant », a ajouté Ousseynou Mbengue.
Des rêves plein la tête, le jeune garçon de moins de 20 ans en a. Il n’écarte pas de devenir un jour un mécanicien d’aéronefs. Pour cela, il veut faire des études poussées dans le domaine de la mécanique. Toutefois, il se dit convaincu qu’il ne pourra pas réussir sans le soutien des bonnes volontés ou de l’Etat sénégalais.