Transparency Maroc claque la porte de la Commission Nationale Anti-Corruption face à l’inaction gouvernementale


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Corruption enveloppe
Corruption enveloppe

L’organisation de référence dans la lutte contre la corruption au Maroc vient d’annoncer son retrait de la Commission Nationale Anti-Corruption. Une décision qui dénonce huit années d’immobilisme institutionnel et qui souligne l’absence de volonté politique dans la lutte contre les pratiques corruptives.

La lutte contre la corruption au Maroc connaît un nouveau revers. Transparency Maroc a annoncé son désengagement de la Commission Nationale Anti-Corruption (CNAC), dénonçant l’absence manifeste d’une réelle volonté politique de la part des autorités. Cette décision fait suite à une longue période d’inertie institutionnelle et une succession d’affaires démontrant le manque d’engagement des pouvoirs publics sur ce dossier crucial.

Un constat d’échec institutionnel

L’association motive sa décision par la paralysie prolongée de la Commission, qui ne s’est réunie que deux fois en huit ans, en dépit d’une obligation légale imposant des réunions semestrielles. Les multiples demandes de transparence et de bilan des travaux de la CNAC sont restées sans réponse. Cette situation s’est encore dégradée avec l’abandon du projet de loi sur la criminalisation de l’enrichissement illicite, enterré après des années de discussions.

Dans son communiqué, Transparency Maroc souligne également l’augmentation des restrictions pesant sur la société civile et les atteintes à l’indépendance du pouvoir judiciaire. L’organisation critique particulièrement les nouvelles dispositions du code de procédure pénale qui compliquent les poursuites en matière de crimes financiers et de détournement de fonds publics.

Des scandales révélateurs

Les dernières années ont été marquées par plusieurs affaires de corruption majeures qui confirment l’ampleur du problème. Le scandale des marchés publics truqués a impliqué des élus locaux et hauts fonctionnaires dans l’attribution frauduleuse de marchés, sans aboutir à de véritables sanctions judiciaires. En 2023, l’affaire des juges corrompus a révélé l’existence d’un réseau de corruption judiciaire. Les détournements de fonds au sein des collectivités locales persistent malgré les rapports de la Cour des comptes. Les attributions douteuses de permis de construire et d’exploitation continuent d’être dénoncées par les ONG et les acteurs économiques, sans susciter de réaction des autorités.

Face à cette situation, Transparency Maroc adopte une position ferme en refusant de cautionner une commission inefficace. L’organisation conditionne son retour à la CNAC à des preuves concrètes d’engagement des pouvoirs publics. Elle demande notamment la réactivation effective de la Commission avec un calendrier précis, l’adoption d’une législation renforçant la transparence et la répression des crimes financiers, ainsi que l’indépendance réelle des organes de contrôle et d’audit.

L’action de Transparency Maroc a pour but aussi de sensibiliser les acteurs internationaux pour contraindre le gouvernement marocain à agir, sous peine de voir sa réputation internationale se dégrader davantage.

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