Le Nigeria, l’Égypte, l’Algérie, le Maroc et l’Afrique du Sud figurent en tête du classement des cinq pays africains qui ont effectué le plus de transferts financiers illicites entre 1970 et 2008. Selon une étude réalisée par l’ Organisation internationale Global Financial Integrity (GIF) et publiée vendredi dernier, plus de 854 milliards de dollars ont été transférés frauduleusement à partir d’Afrique. Une somme qui représente le double des investissements publiques accordés à l’aide au développement.
En matière de flux financiers illicites, cinq pays africains se partagent le haut du tableau. Il s’agit du Nigeria (89,5 milliards de dollars), de l’Égypte (70,5 milliards de dollars), de l’Algérie (25,7 millions de dollars), du Maroc (25 milliards de dollars) et de l’Afrique du Sud (24,9 milliards de dollars). C’est ce que révèle une étude rendue publique vendredi dernier et réalisée par l’Organisation internationale Global Financial Integrity (GIF) qui s’est appuyée sur le modèle de la Banque mondiale et de la Direction du fonds monétaire de statistique commerciale pour calculer ces fuites. D’après le document, depuis 1970 plus de 854 milliards de dollars, dont la moitié entre 2000 et 2008, ont été transférés de manière frauduleuse à partir d’Afrique. L’argent généré par le racket, la contrefaçon et le trafic de drogue représente 30 à 35% de ces transferts tandis que la fraude fiscale s’offre la part de lion (entre 60 et 65%).
A cause de ce fléau, les pays en développement perdraient chaque année l’équivalent d’un milliard de dollars. Une somme qui est deux fois plus importante que les investissements publiques accordés à l’aide au développement. « Il est impératif d’endiguer ces fuites de capitaux pour accomplir des actions de développement économique et pour réduire la pauvreté dans ces pays », commente Raymond Baker, le directeur du GIF, dont le rapport a été présenté lors de la 3ème conférence des ministres africains des Finances qui a eu lieu le 29 et 30 mars au Malawi.
Focus sur le Nigeria et l’Algérie
Cette réunion risque d’embarrasser le ministre nigérian dont le pays arrive en tête des transferts financiers illicites. L’ancien dictateur nigérian, le Général Sani Abacha, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 1993, aurait largement participé à la fuite de ces capitaux. Il aurait volé 3 milliards de dollars, dont 450 millions de dollars demeurent aujourd’hui introuvables, a indiqué le quotidien The Guardian. Sa relève semble être assurée puisqu’en novembre dernier, un juge suisse a accusé le fils du dictateur, Abba Abacha, de faire partie du crime organisé, et a gelé 350 millions de dollars de ses comptes personnels.
Si peu d’informations circulent sur les origines des flux financiers illicites de l’Égypte (2ème position), il en va autrement pour l’ Algérie. Début janvier, des responsables des Douanes ont révélé l’existence de plusieurs cas de majoration de valeur des produits importés auprès des pays de la Zone arabe de libre échange (Zale). Entre 2006 et 2007, les services des Douanes ont mis la main sur des affaires de transfert de devises d’un montant de 15 milliards de dinars (près de 210 millions de dollars).
Selon Le Financier, un quotidien algérien d’économie et d’informations cité par le site Biladi, d’autres infractions auraient été signalées chez de faux investisseurs qui bénéficient des avantages fiscaux dans le cadre des dispositions de l’Agence de développement des investissements (ANDI).
Cette fuite de capitaux constitue l’un des obstacles majeurs au développement du continent. « Un phénomène dévastateur » qui, de l’avis directeur du GIF, « devra être à l’ordre du jour du sommet du G20 » prévu en juin prochain au Canada.