La politique de migration sénégalaise donne des idées au Maroc. Le royaume souhaite développer une politique qui incite les Marocains de l’étranger à transférer leurs compétences tout en restant sur place.
Des représentants du ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et des Affaires de la migration ont exprimé leur souhait de bâtir une politique de mobilisation des compétences des Marocains vivant à l’étranger, en se basant sur le modèle sénégalais. L’objectif n’est pas d’inviter les MRE à rentrer au royaume, mais de répondre à leur demande afin qu’ils transfèrent leur savoir-faire, tout en restant à l’étranger. « Notre objectif n’est pas de faire rentrer les compétences marocaines qui se trouvent à l’étranger, mais plutôt de répondre à leur demande et de transférer leur savoir faire à distance », a expliqué, mercredi à Dakar, Mounia Marzak, directrice du développement et de la mobilisation des compétences MRE.
Cette dernière s’exprimait au cours d’une rencontre avec des membres de la DGSE et des Sénégalais de l’extérieur, ainsi qu’avec des structures privées travaillant avec la diaspora. Le rendez-vous a eu lieu en présence de Taibatou Sidibé, chargée des programmes du bureau Sénégal de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le Maroc veut « créer une connexion entre des compétences marocaines à l’étranger et les demandeurs de compétences au Maroc, qu’ils soient dans le domaine des laboratoires de recherche, les universités, les hôpitaux, mais également le secteur privé », affirme Mounia Marzak. « Les recherches de compétences ne seront pas des recherches d’embauches, mais seront axées sur le transfert d’expertise de courte durée », a-t-elle précisé.
Le Maroc compte sur le Sénégal pour trouver des solutions
La directrice du développement et de la mobilisation des compétences des MRE a annoncé qu’une étude sera ouverte afin de « mieux connaître nos compétences à l’étranger, car les données statistiques sont assez faibles (…) et parallèlement lancer une étude pour connaître les réels besoins de compétence au Maroc ».
La délégation marocaine en visite à Dakar a annoncé qu’elle comptait s’appuyer sur l’expérience du Sénégal pour, entre autres, trouver des solutions aux MRE qui souhaitent transférer leurs compétences. Cette action entre dans le cadre du projet AMEDIP : « Renforcer les politiques à l’égard des diasporas d’Afrique et du Moyen-Orient par les échanges sud-sud ».
L’expérience de Niokobok
Durant la rencontre, des entreprises ont partagé leur expérience sur le travail accompli au profit de la diaspora sénégalaise. Laurent Liautaud, par exemple, est à la tête d’un service de e-commerce, « Niokobok », qui permet aux Sénégalais de l’étranger de commander des produits et des services pour les familles restées au Sénégal. Il estime à 1,6 milliards d’euros par an le flux de fonds venant de la diaspora. En termes de dépenses, 1/3 correspond aux loyers et aux factures, un autre tiers sert à l’alimentation ou la dépense quotidienne tandis 14% permet de financer les fêtes et les cérémonies. Le reste concerne l’éducation, la santé et les investissements.
« Le rôle qu’on peut jouer c’est d’essayer d’orienter au maximum la consommation vers des dépenses dites plus utiles », a dit M. Lieutaud. Il a insisté sur l’importance du rôle joué par la diaspora sénégalaise dans l’économie du pays à travers les transferts de fonds.