
Un canot rapide assurant la liaison entre Brazzaville et Kinshasa a sombré mardi matin dans les eaux tumultueuses du fleuve Congo, à quelques mètres à peine de Beach Ngobila, port d’embarquement et de débarquement des passagers qui traversent le fleuve Congo entre Kinshasa et Brazzaville.
Le drame fluvial de ce mardi vient s’ajouter à la longue liste des naufrages qui endeuillent la RDC depuis des années. Le bilan provisoire fait état de neuf personnes secourues et de huit disparues, parmi lesquelles figure le capitaine de l’embarcation. L’accident a eu lieu alors que le canot, baptisé Transpool, en provenance de Brazzaville, la capitale du Congo voisin n’était plus qu’à quelques encablures de son point de débarquement. Selon les autorités locales, l’embarcation transportait 17 personnes et des marchandises. D’après un agent de l’Office national des transports (Onatra), contacté par MediaCongo Press, les causes du naufrage restent incertaines. Toutefois, un témoin affirme que le canot aurait heurté une branche d’arbre immergée, provoquant son chavirement.
Un drame qui met en lumière les failles du transport fluvial
Ce naufrage s’inscrit dans une longue série d’accidents meurtriers sur les cours et plans d’eau de la RDC. Bien que le fleuve Congo soit une artère vitale pour le commerce et les déplacements dans cette région enclavée d’Afrique centrale, les infrastructures sont dramatiquement sous-développées. Les embarcations y sont souvent vétustes, mal entretenues, et fréquemment surchargées. Le port du gilet de sauvetage, pourtant obligatoire, reste une exception.
Les services de secours, appuyés par des plongeurs civils et des unités de la police fluviale, poursuivent les recherches, mais après plusieurs heures sans nouvelle des disparus, les chances de les retrouver vivants diminuent.
Le fleuve Congo, à la fois ressource et tombeau
Avec ses 4 700 kilomètres de long, le fleuve Congo est le deuxième plus long fleuve d’Afrique après le Nil, et le deuxième plus puissant au monde en débit, après l’Amazone. Il joue un rôle économique fondamental pour la RDC, un pays au réseau routier peu développé, en permettant le transport de biens et de personnes à travers une immense zone difficilement accessible autrement.
Mais cette ressource est aussi synonyme de péril. Les statistiques précises font défaut, mais les naufrages sur le Congo, ses affluents et les grands lacs du pays font chaque année plusieurs centaines de victimes. En 2019, 150 personnes avaient perdu la vie dans un naufrage sur le lac Kivu.
Une problématique structurelle ignorée
Les causes de cette insécurité chronique sont connues : vétusté des bateaux, surcharge systématique, absence d’entretien, manque de contrôle des autorités, corruption, et surtout, un désengagement structurel de l’État dans la gestion du transport fluvial. Malgré les engagements répétés des gouvernements successifs à réformer le secteur, très peu de mesures concrètes ont été mises en œuvre.
À l’échelle internationale, des ONG appellent régulièrement à des investissements urgents dans les infrastructures fluviales de la RDC, qui possède pourtant l’un des réseaux hydrographiques les plus denses au monde. Mais les priorités budgétaires du pays, confronté à des défis multiples — insécurité dans l’est, pauvreté chronique, et instabilité politique — limitent les avancées.
Dans l’attente des résultats des recherches, les proches des victimes restent suspendus à l’espoir ténu d’un miracle. Ce drame, survenu entre deux capitales séparées seulement par quelques kilomètres d’eau, mais réunies dans la douleur, est une nouvelle illustration des défis immenses auxquels fait face la RDC pour garantir la sécurité de ses citoyens, même sur les trajets les plus quotidiens.