Trafic de drogue : l’Algérie multiplie les saisies à la frontière avec le Maroc


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De la drogue
De la drogue

La frontière entre l’Algérie et le Maroc, s’étendant sur plus de 1 500 kilomètres, demeure l’épicentre d’un intense trafic de stupéfiants. Les récentes opérations des forces algériennes révèlent l’ampleur de ce défi sécuritaire majeur, alors que les saisies de cannabis se multiplient dans cette zone stratégique.

La frontière algéro-marocaine, longue de plus de 1 500 kilomètres, reste un point névralgique du trafic de drogue. Ces dernières semaines, les forces algériennes ont réalisé des saisies majeures de cannabis, mettant en lumière l’ampleur des défis posés par ce fléau transnational. Bien que la frontière ne puisse être totalement imperméabilisée, l’Algérie affiche une vigilance accrue pour protéger son territoire.

Des saisies record en novembre

Entre le 6 et le 12 novembre 2024, plus de neuf quintaux de kif traité ont été interceptés par les forces de l’Armée nationale populaire (ANP) et les services de sécurité, tandis que 32 narcotrafiquants ont été arrêtés. Quelques jours plus tôt, entre le 30 octobre et le 5 novembre, ce sont plus de douze quintaux qui avaient été saisis, accompagnés de l’arrestation de 37 trafiquants. Ces opérations témoignent de la persistance d’un trafic à grande échelle malgré les efforts conjoints des différentes forces mobilisées.

Le 4 octobre déjà, des saisies significatives avaient été réalisées à Tlemcen et Naâma, avec près de 94 kilogrammes de cannabis confisqués. Ces localités frontalières figurent parmi les points chauds de ce commerce illicite.

Une frontière difficile à sécuriser

Malgré ces succès, les autorités algériennes admettent la difficulté de rendre la frontière totalement imperméable. La topographie complexe et l’ampleur des moyens déployés par les trafiquants marocains rendent cette tâche particulièrement ardue. Ces derniers exploitent des techniques sophistiquées, des routes clandestines et même des drones pour introduire des cargaisons depuis le royaume chérifien.

La qualité du cannabis saisi préoccupe particulièrement les autorités algériennes. Selon des experts, la teneur en Tétrahydrocannabinol (THC), principe actif du cannabis, a considérablement augmenté, atteignant parfois des niveaux records de 50% dans les saisies récentes. Cette évolution est attribuée à l’utilisation par les cultivateurs du Maroc de variétés hybrides à haut rendement, rendant le cannabis plus lucratif mais aussi plus dangereux pour les consommateurs.

En Algérie, cette production massive a conduit à l’émergence d’un jargon populaire désignant la drogue en provenance du Maroc sous le nom de « marocaïne ».

Le Maroc, leader mondial du cannabis selon l’ONU

Le Rapport mondial sur les drogues 2022 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) place le Maroc au premier rang mondial des producteurs de cannabis. Avec plus de 700 tonnes produites chaque année, le royaume est souvent accusé par son voisin algérien de saturer les marchés régionaux, y compris celui de l’Algérie. La problématique est aussi particulièrement sensible en France où le commerce illégal de drogue représenterait un chiffre d’affaires de près de 4 milliards d’Euros selon l’Insee. Des recettes principalement captée par le Maroc.

Face à ce défi, l’Algérie redouble d’efforts pour renforcer la sécurité le long de ses frontières. Outre les saisies de cannabis, des quantités importantes de cocaïne, de comprimés psychotropes et d’autres substances illicites ont également été interceptées ces dernières semaines.

Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie globale visant à lutter contre la criminalité transnationale, incluant également la contrebande de carburants, d’aliments et de matériels liés à des activités illicites comme l’orpaillage.

Pour l’Algérie, il s’agit non seulement de protéger ses citoyens des méfaits du narcotrafic, mais aussi d’affirmer sa capacité à préserver l’intégrité de son territoire face à des menaces complexes et persistantes. Une bataille difficile mais cruciale dans un contexte géopolitique tendu où le trafic de drogue devient un facteur aggravant des tensions entre les deux pays.

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