Depuis son escale de 2009 au Ghana, le Président américain, Barack Obama, n’était plus revenu en Afrique. Ce mercredi 26 juin 2013, il entame une tournée africaine. Un long périple d’une semaine qui le mènera au Sénégal, en Afrique du Sud puis en Tanzanie. Un périple dont l’objet était annoncé depuis 2009.
Né aux Etats-Unis d’une mère Américaine et d’un père Kényan, Barack Obama, en tant que Président, ne s’est jusqu’ici jamais rendu au Kenya. Et sur la liste des pays que le Président des Etats-Unis va visiter lors de sa tournée africaine qui commence aujourd’hui par le Sénégal, ne figure pas le Kenya. Et à juste raison : l’actuel Président, Uhuru Kenyatta, est poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI), tout comme son vice-président, William Ruto, pour leur responsabilité présumée dans les violences qui avaient suivi la Présidentielle de 2007.
C’est clair, Barack Obama ne flirte pas avec les putschistes et les Présidents à vie. Et il l’a encore démonté le 28 mars dernier, lorsqu’il recevait à la Maison Blanche quelques uns de ses homologues, notamment Joyce Banda du Malawi, Ernest Bai Koroma de la Sierra-Léone, Macky Sall du Sénégal et José Maria Pereira Neves du Cap-Vert. Le choix porté sur le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tanzanie, au cours de cette seconde sortie officielle en Afrique de Barack Obama, en dit long sur la décision ferme prise par le numéro un des Américains de ne côtoyer que les pays de grande démocratie. En effet, après avoir encouragé la démocratie et la bonne gouvernance à Accra en 2009, Obama visite des pays qui appliquent ces principes. Afrik.com fait un zoom sur la situation politique de ces trois pays.
Le Sénégal
Le Sénégal est l’un des pays les plus stables d’Afrique, car il n’y a jamais eu de coup d’Etat, et le « modèle sénégalais » était souvent mis en avant dans le passé, même si Amnesty International dénonce encore quelques arrestations à caractère politique.
Le Sénégal est une république démocratique (présence de plusieurs partis politiques). Le régime est semi-présidentiel car à l’indépendance, le Sénégal a adopté le modèle politique français de 1958 comme d’autres pays africains qui étaient membres de l’AOF. La constitution du Sénégal date de 1959, elle a été révisée dès 1960 par Léopold Sédar Senghor suite à un référendum. Plusieurs révisions vont se succéder notamment celle de 1963 qui instaure le régime présidentiel (à cette époque : suppression du Premier ministre) puis celle de 2001 qui ramène le mandat présidentiel de sept ans à cinq ans.
Le président de la République est le chef de l’Etat, élu au suffrage universel direct pour une durée de sept ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre qui choisit à son tour les ministres de son cabinet et propose leur nomination au président de la République. Le premier président est Léopold Sédar Senghor, leader charismatique et poète de renom. En 1981, son Premier ministre Abdou Diouf prend sa succession.
En 2000 le Parti démocratique sénégalais l’emporte avec Abdoulaye Wade, réélu en 2007. L’élection présidentielle de 2012 voit la victoire de Macky Sall devant Abdoulaye Wade qui, malgré l’épuisement de ses deux mandats légaux, parvient à se présenter.
L’Afrique du Sud
Depuis 1984, le Président est à la fois le chef de l’Etat et le chef du Gouvernement. Les ministres sont désignés par le Président qui est élu par le parlement. Il est généralement le chef du parti majoritaire. Avant 1984, le poste de chef de Gouvernement était tenu par un Premier ministre, alors que la fonction de chef de l’Etat était purement honorifique et découlait de celui autrefois dévolu au Gouverneur-général d’Afrique du Sud.
La fonction de Président de la république fut créée en 1961 au moment de la fondation de la république sud-africaine. La fonction présidentielle remplaçait celle qui était dévolue depuis 1910 au Gouverneur-général d’Afrique du Sud.
L’Afrique du Sud est une démocratie multipartite depuis sa fondation en 1910 bien que le système politique fut ségrégationniste et inégalitaire jusqu’aux années 1991-1994. Les premières élections générales multiraciales n’eurent lieu qu’en 1994. Depuis cette date, la vie politique du pays est dominée par l’ANC (65,9 % des suffrages aux dernières élections générales). L’ancien parti dominant, le parti national, qui avait institué l’apartheid et dominé la vie politique du pays entre 1948 et 1994, a disparu de la scène politique après sa fusion avec l’ANC, en 2005.
L’opposition officielle est l’Alliance démocratique (16,7% des voix), héritière à la fois des anciens partis progressistes parlementaires et de la faction libérale et conservatrice du parti national. L’extrême droite identitaire (1%), l’extrême gauche panafricaine (1%) et quelques partis ethniques (7%) ou démocrates-chrétiens complètent le paysage politique.
La Tanzanie
La stabilité et la cohésion de la Tanzanie, issue de l’union du Tanganyika et de l’archipel de Zanzibar en 1964, sont directement liées à l’action de Julius Nyerere, chef de l’Etat de 1963 à 1985. L’année 2011, cinquantième anniversaire de l’Indépendance du Tanganyika, a été l’occasion de bilans approfondis. La Tanzanie a rompu en 1986 avec le dirigisme économique (socialisme agraire) et avec le régime du parti unique en 1992. Le Président Benjamin Mkapa, élu en 1995 et 2000, n’était pas candidat en 2005, la constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels.
Le candidat du Parti de la Révolution, au pouvoir depuis l’Indépendance (Chama Cha Mapinduzi – CCM), M. Jakaya Kikwete, ministre des Affaires étrangères depuis 1995, élu le 14 décembre 2005 avec 80% des suffrages, a été réélu en octobre 2010 pour un second et dernier mandat, avec un score toutefois inférieur à celui de 2005 (60% contre 80%). Ce résultat s’explique par le faible taux de participation sur le continent (43%), ainsi que par le dynamisme de la campagne de son principal rival Wilbrod Slaa du parti Chadema (qui a obtenu un score de 26%).
La Tanzanie fait partie des 10 nations au développement économique le plus rapide. Le Fonds monétaire international indique que la Tanzanie dispose d’une main-d’œuvre bien formée, doublée d’une stabilité politique recherchée par les investisseurs étrangers. Déjà ces dernières années, cette nation de l’Afrique de l’Est s’est imposée parmi les économies africaines les plus dynamiques. En 2010, le pays affichait une progression de 7% de son Produit intérieur brut (PIB).
De toute évidence, le Sénégal est la seule étape francophone de la visite d’Obama. Ce dernier, n’a de cesse de faire part de son engagement pour le développement de l’Afrique, avec l’objectif de renforcer la sécurité et la démocratie dans un continent menacé par Al-Qaïda au Maghreb islamique et une offensive économique chinoise. En outre, il ne cesse de plaider pour le renouvellement des classes dirigeantes africaines à travers ce qu’il appelle le « nouveau leadership ».