De nombreux obstacles demeurent encore pour affirmer qu’il y a égalité entre l’homme et la femme dans la participation aux instances de prise de décision au Rwanda, a estimé mercredi à Kigali le vice-président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), Déogratias Kayumba.
« C’est vrai qu’une étape importante a été franchi dans ce
domaine, mais il ne faut pas être trop confiant en s’arrêtant par là puisque les Africaines sont encore confrontées à d’importants défis et obstacles », a souligné M. Kayumba au cours d’une conférence de presse à l’occasion de la Journée internationale de la femme.
En dehors de l’absence d’une éducation de qualité et d’emplois et devant leur accès limité aux secteurs du commerce et de l’industrie, le patron de la CNDH a cité le « mépris des pouvoirs publics » dans la prise en considération des différences de revenus entre l’homme et la femme, ce qui crée, selon lui, une ambiguïté et un désordre dans le financement des programmes visant à réduire les inégalités.
« Beaucoup de Rwandaises restent encore au bas de l’échelle
sociale et leur accès au crédit, à la santé et à l’éducation laisse à désirer », a souligné Déogratias Kayumba, regrettant qu’en dépit de l’existence de lois bannissant toute forme de discrimination liée au sexe, on assiste encore à toutes sortes de violences contre les femmes, qu’elles soient sexuelles, physiques, psychologiques, culturelles ou économiques.
En outre, la plupart des femmes victimes de violences ignorent que la législation en vigueur au Rwanda réprime de tels actes et donc ne veulent pas porter plainte devant les instances judiciaires.
Selon M. Kayumba, l’obstacle le plus important tient notamment au manque d’accès des filles à l’éducation, qui constitue généralement la seule porte de sortie de la pauvreté.
« Ces disparités entre filles et garçons apparaissent fréquemment au niveau du primaire et se creusent par la suite à tous les stades du système éducatif », a-t-il conclu.
Pourtant selon des statistiques officielles, le Rwanda a une représentativité de 42% de femmes dans les instances de prise de décision, alors que la Constitution prévoit un taux de 30%.